- Papaaaa ! Mes zeveux! sont tout tout touuuut mouillés!

Je soupire en fouillant mes poches, à la recherche des clés de l'appartement.

- Je sais ma chérie, je suis désolé, j'ai oublié le parapluie. Je te promets qu'il faisait soleil quand je suis parti te chercher...

- Mouais, mais là, y'a les nuazes tout gris et beaucoup beaucoup la pluie, tu sais!

Je soupire, parfois, j'ai l'impression que Mila n'est pas ma fille mais ma mère. Je fronce les sourcils en constatant que visiblement, mes clés ne sont pas dans ma poche. J'entends Spooky qui se met à aboyer derrière la porte.

- Ohoh Papa. 'Pooky a entendu nous. Va faire bêtises si on va pas zouer au pa'c avec lui...

Quelle perspicacité. Elle en est renversante.

- Bon Mila, ta copine est rentrée de l'école avec sa maman déjà?

Elle hoche la tête et vient se planter devant la porte de notre voisine alors que je toque à la porte. J'espère que Freya est là... J'ai honte, les cheveux dégoulinant, mon chien aboyant comme un sauvage derrière ma porte fermée à clé dont je n'ai pas la clé. J'entends du bruit dans l'appartement de ma voisine et suis soulagé. J'espère juste qu'elle a toujours le double des clés que je lui avais prêté lorsque j'étais parti en vacances avec Mila pour les vacances d'hiver. Elle ouvre enfin la porte et je m'accoude à la porte, essayant, malgré tout, de me montrer sous mon meilleur jour.

- Heu... Bonjour Freya... Je suis désolé, je viens t'embêter mais heu... j'ai oublié mes clés, en fait, heu, chez moi et donc bha... on est dehors...

Je lui souris largement, mais à l'intérieur de moi, je me dis que j'ai l'air d'un idiot fini... Mila, quant à elle, est déjà partie rejoindre sa copine à l'intérieur après avoir fait un bisou à Freya.

Tu viens juste de rentrer de chez l'hématologue pour la visite de routine d'Ava. Le médecin a précisé qu'il faut rester vigilant, qu'elle peut faire une crise à tout moment et qu'il ne faut surtout pas qu'elle oublie de prendre ses médicaments. C'est très important. Le problème, c'est que ta fille est aussi têtue que toi. Presque même doublement têtue. Selwyn avait cette obstination qui est si caractéristique de ta petite Ava. D'ailleurs, elle est déjà partie au courant dans sa chambre, prête à jouer. Tu te diriges vers sa petite chambre et elle te regarde avec ses grands yeux bruns, sachant très bien ce que tu vas lui dire. Elle n'est pas idiote non plus. « Deza pris manman. » Vous savez toutes les deux qu'elle parle de son traitement quotidien. Tu hausses un sourcil, ne te rappelant pas lui avoir donner son antibiotique de la journée. Tu t'accoles dans l'encadrement de la porte et l'interroge du regard, étonnée. « Ah bon ? Et quand ça jeune fille ? » Tu contrôles la situation. Tu la connais ta fille. Elle est rusée pour son âge et elle serait prête à tout pour éviter de prendre des médicaments. Sauf qu'on ne te l'a fait pas à toi. T'as eu 4 ans avant elle et tu sais ce que c'est de vouloir éviter les médicaments. Ava s'apprête à te répondre avec sa petite voix fluette, tout en jouant avec sa poupée. Mais, elle est sauvée par la gong. Pile à temps pour la sauver de sa prise de médicaments. Tu lui souris tendrement et déposes un baiser sur son front. « Ne t'inquiètes pas ma puce, tu auras droit à ton médicament ce soir.  En attendant, sois sage je vais ouvrir. » Tu quittes la pièce en l'entendant bouder et tu ne peux t'empêcher de trouver ça trop mignon.

Tu arrives à la porte d'entrée, attrapes les clés et ouvres la porte. Ta surprise est de taille. Tu ne t'es pas attendu à voir Jasper ton voisin, sur le seuil de ta porte avec Mila qui s'est déjà précipitée à l'intérieur sans avoir oublier de te faire un bisous. Le fond sonore est couvert par les aboiements du chien de la petite famille. « Bonjour à toi aussi princesse. » salues-tu. Tu souris tendrement en regardant la petite courir à travers l'appartement avant de concentrer de nouveau sur le père.  Enfermé dehors ? Tu te retiens de rire et fais un petit sourire moqueur. Forcément, c'est tout à fait le genre de Jasper d'oublier ses clés et comme les portes se ferment à clé une fois fermée… Tu te rappelles avoir les doubles de ses clés mais tu te décides de jouer un peu la comédie pour le faire poireauter un peu, pour rendre la situation un peu plus amusante.  Et comme, sans vouloir te venter, tu aurais pu avoir un oscar pour ton incroyable jeu d'actrice au quotidien en tant que diseuse de bonne aventure ; tu ne doutes pas du franc triomphe de cette petit farce. « Oh… et j'imagines que tu aimerais récupérer le double de tes clés pour pouvoir rentrer ? » Tu te mords la lèvre, toujours à fond dans ton petit rôle. Tu parais très embarrassée, toi d'habitude paraissant si confiante.  Mais tu t'amuses comme un petite folle. « Tu devrais entrer… Tu risques de passer un petit moment ici. » Tu n'en dis pas plus. Tu le laisses miroiter, lui faisant subtilement comprendre que tu as perdu ses clés. Tu glisses une main dans tes cheveux, toujours dans ton incroyable comédie, avec le même malaise que  tout à l'heure et tu mets prestement la conversation sur une autre trajectoire, prouvant pertinemment que tu souhaites changer de sujet. « Tu veux boire quelque chose de chaud ? Tu veux peut-être une serviette ? » Tu l'interroges doucement, avec ce même sourire gêné, parfaitement réalisé. La scène est à toi.

J'ai sorti la tête de mes dossiers trop tard, je n'avais pas vu le temps passer et j'allais être en retard pour aller chercher Mila à l'école. Dans l'empressement, j'étais sorti en claquant la porte, oubliant mes clés et laissant Spooky qui piquait un roupillon sur le tapis du salon, sans prendre de parapluie alors que le ciel était drôlement sombre pour un milieu d'après-midi.

Voilà pourquoi je me retrouve à présent devant Freya, les cheveux dégoulinant, Spooky qui aboie fort derrière la porte de chez moi, alors que je suis sur le perron de ma voisine. Je fronce les sourcils quand je comprends qu'elle ne semble plus vraiment savoir où sont mes clés. Oh non, manquerait plus que je doive appeler le serrurier, ça va me coûter une blinde, pensai-je alors que j'entre, comme elle m'invite à le faire.

- D'accord, merci, je patiente...

Je reste planté au milieu de la cuisine, soucieux de ne rien mouiller ou salir vu mon état, mais je passe une main dans mes cheveux, alors que des gouttes glissent le long de mon nez que je m'empresse d'essuyer d'un revers de main.

- Oh, une serviette, je veux bien, oui, merci. Et heu... un café? Si tu veux...

Puis, pour que Mila m'entende, j'hausse la voix la voix en disant:

- Mila, viens ici s'il te plait, tu vas attraper la mort si je ne te sèche pas un peu, viens... Et Ava, tu viens me faire un bisou??!

Je sais que si j'appelle les deux petites filles, Mila finira bien par arriver. Appeler le serrurier m'inquiéterait moins que d'appeler le médecin pour ma petite Mila qui aurait attrapé une grosse fièvre à cause de mon étourderie...

Jasper n'a pas l'air super ravi quand tu lui fais faussement comprendre que tu as perdu le double de ses clés. En même temps, tu peux comprendre. Toi aussi, ça te ferait chier de payer un serrurier. Mais tu es ravie de voir que tu es très crédible. Chaque chose a ses points positifs et ses points négatifs, n'est ce pas ? Bon dans à ce moment même, c'est plus ton charmant voisin qui récupère les mauvais côtés. Tu hoches doucement la tête quand il te demande une serviette et tu quittes ta petite cuisine pour aller chercher une serviette dans la salle de bain. Tu n'oublies pas en chemin de récupérer le double des clés et de booster les filles qui jouent tranquillement, comme si elles n'ont pas entendu Jasper. « Mila, ton papa t'appelle. Et ma chérie, va dire bonjour à Jasper. » Tu regardes les filles courir dans l'appartement direction la cuisine avec un petit sourire et reprends ta marche vers la salle d'eau.  Tu attrapes deux  serviettes  au hasard et une brosse à cheveux ainsi qu'un élastique et rejoins Jasper et les filles.

La première chose que tu fais quand tu arrives dans la cuisine est de balancer les clés en direction de Jasper. Tu as un sourire malicieux sur les lèvres, fière de ton petit jeu. Avec un regard brillant, tu t'amuses de te moquer gentiment de lui. C'est Jasper après tout. « Tiens, tu me fais pitié à pas pouvoir rentrer chez toi. » Puis tu lui tends une des serviettes, en lui faisant comprendre que tu t'occupes de Mila pendant qu'il se sèche.  Sans plus tarder, tu t'affères à la tâche. T'es du genre dynamique, à pouvoir donner de l'énergie à un simple escargot. Dans le genre couteau suisse, qui sait faire pleins de choses en même temps. « Ava, tu prends tes médicaments pendant que je m'occupe de ta copine, d'accord ? Fais plaisir à maman s'il te plait. » Tu sèches les cheveux de Mila avec la deuxième serviette et finis par enrouler la petite fille dedans, en riant. Tu lui brosses les cheveux avant de les lui tresser avec une grande douceur, tout en t'assurant qu'Ava prenne bien ses médicaments. Visiblement, elle l'a fait même si c'était à contre cœur et tu en es ravie. Cela va t'éviter de courir dans tout l'appart ce soir pour lui faire prendre. Et Dieu sait à quel point ça n'aurait pas été une partie de plaisir. Une fois que tu as terminée, tu t'occupes du café de Jasper. Tu sors  le nécessaire et allume la cafetière. Puis, tu t'accoles au plan de travail et tu t'adresses à Jasper. «La prochaine fois, évites d'oublier ton parapluie. Tu ressembles à un chien mouillé. C'est pas du tout sexy. »  Tu marques une pause, faisant mine de réfléchir.  « En fait, j'suis sûre que tu l'as fait exprès. Tu vas attraper une belle rhinopharyngite et tu vas finir par avoir besoin de ta merveilleuse voisine pour s'occuper de toi. » Tu lui fais comprendre que tu rigoles en lui faisant un petit clin d'oeil. Tu attrapes une tasse représentant typiquement ta passion pour Star Wars et sers le café fumant dans celle-ci, tout en annonçant à ton voisin : « Je te mets un sucre ? Au fait, si t'as besoin de changer ta fille pour pas qu'elle attrape froid, je suis sure d'Ava serait très heureuse de lui prêter son t-shirt R2D2. »

Je soupire longuement en attrapant mes clés au vol, intrigué. Je rigole à sa remarque.

- Pitié? Oh mais tant pis, j'aurai squatté à l'oeil chez toi, sinon, tu fais bien la cuisine.

Et je me gifle violemment intérieurement. Comme si c'était pour sa cuisine que j'apprécierai sa présence. En tout cas, je suis rassuré de voir que Mila n'a pas l'air plus perturbé que ça par la situation puisqu'elle rit avec Freya qui la peigne. Je me sèche aussi les cheveux et garde la serviette autour de mes épaules. J'ai un peu froid mais n'ose pas retirer mon t-shirt ou demander d'utiliser sa salle de bain.

- Je suis parti vite, presque en retard, alors j'ai carrément zappé le parapluie oui. Je n'étais pas sorti de la journée de mon bureau. Quel temps pourri... Oh pauvre Spooky d'ailleurs... je ne vais pas tarder, il doit toujours nous attendre...

Je ris quand elle dit que j'ai fait exprès. Alors, je tente de rattraper le coup de la vaisselle...

- Bien que ma voisine soit en effet merveilleuse, je ne voudrai pas l'importuner à cause de ma maladresse... tu as déjà bien assez de choses à faire entre le travail, Ava... son traitement...

Je lui souris. Nous n'avons jamais abordé ce sujet et je ne sais toujours pas exactement ce qu'Ava a. Je me sens indiscret de le lui demander mais j'aimerais tellement faire plus pour Freya qui est tellement courageuse à mes yeux. Elle me sers mon café et pose mes mains de part et d'autre de la tasse chaude pour réchauffer mes doigts que la pluie a refroidis.

- Oui, un sucre, merci... heuuu... son t-shirt R2D2 ? c'est quoi ? C'est dans Star Wars?

Je souris en désignant du doigt la tasse de Freya à l'effigie de la saga au grand succès.

Tu n'as pas relevé quand Jasper a presque insinué qu'il t'appréciait pour ta cuisine. En vérité, ça ne t'a même pas touchée pour la simple et bonne raison que vous taquiner était presque devenu un jeu entre vous. Tu t'es donc contenté de sourire comme d'habitude, en lui jetant un regard complice, amusé. Mais, quand il tente de se rattraper aux branches après t'avoir expliqué brillamment le pourquoi du comment il a oublié son parapluie, tu ne peux t'empêcher de sourire un peu plus, sans laisser passer la moindre inquiétude sur ton visage concernant Ava. Tu ne peux pas être prise en pitié, tu veux que l'on voie que tu gères tout  sur le bouts de tes phalanges, que tu es forte malgré tout. Et c'est ce que tu es. Hors de question de montrer autre chose qu'une femme souriante, optimiste et maternelle. Tu l'es pourtant inquiète, tu sais très bien ce qu'il se passe avec cette fichue maladie. Tu n'as pas fait des études de médecine pour ne pas connaître la base des maladies. Et Jasper n'a pas besoin d'être un génie pour la deviner. Un parent qui n'est pas inquiet pour son enfant, ne fait pas un bon parent selon toi. Mais, tu peux comprendre l'intérêt de Jasper à savoir exactement ce qu'elle a. Tu ne lui as jamais dit de quoi est atteinte Ava. Il sait juste le stricte minimum, qu'elle est malade et qu'elle doit suivre un traitement régulier. Pourtant, tu le connais depuis un bon moment. Tu as laissé ta méfiance sur le pas de ta porte le concernant depuis longtemps. «Ta grande maladresse fait partie intégrante de ton charme, tu sais. Alors, ta merveilleuse voisine peut très bien la supporter un peu plus longtemps. »  En réalité, tu ne sais même plus si vous vous taquinez à longueur de temps ou si vous avez fini par flirter. Mais, ce petit jeu entre lui et toi te plaît bien. Parfois, t'as l'impression de faire quelque chose de mal quand tu lui glisses ce genre de phrases à interprétations multiples. Mais rapidement, tu te reprends en te disant que tu ne fais de mal à personne. Ava adore Jasper et Selwyn est quelque part sur cette planète, disparu. Difficile d'oublier quelqu'un, de faire son deuil quand on n'a jamais retrouvé le corps, seulement un morceau de métal indiquant son nom et son grade. Tu t'assieds à table en déposant le sucre sur la table, l'invitant à se servir.  Tu n'as pas relevé la fin de sa phrase concernant ta fille, ne sachant pas trop comment aborder la chose. Alors, t'as préféré passer sur un sujet plus confortable le temps de savoir comment lui annoncer ça. «Oui, c'est dans Star Wars. Tu sais c'est ce petit droïde de petite taille bleu et blanc qui communique en émettant des sifflements. Du moins, tu le sais si tu as regardé la saga.  »  Tu lui fais un clin d'œil avant de remarquer que les filles sont de nouveau parti jouer dans la chambre d'enfant. Tu te concentres sur ton voisin et te dis que s'il n'a pas vu la saga, il sera forcé de se la mater avec toi, lui expliquant les moindres détails de ta saga préférée. Tu le plains d'avance si c'est le cas. «Tu pourrais peut-être emmener Spooky ici ? Je suis persuadée que ça ferait très plaisir à Ava si vous restiez manger. J'avais prévu de faire des spaghettis et comme je cuisine toujours pour un régiment, aha.  » Tu lui proposes ça sur un coup de tête. En vérité, t'avais rien prévu du tout puisque dans ton esprit Ava n'auriez pas mangé avant longtemps puisque tu aurais du te confronter à ta tête de mule de fille. T'as pas non plus envie qu'il parte, tu te l'avoues à toi-même. T'aimes bien être en sa compagnie. Ca t'embêterait vraiment s'il venait à refuser. Voilà quoi. Tu éloignes toujours le sujet sensible mais tu sais bien qu'un jour ou l'autre, il finira par le savoir et le connaissant, il voudra t'aider quand il saura la nouvelle. «Tu sais, concernant Ava, c'est pas vraiment le truc qu'on annonce comme ça. Je sais ce qu'elle a depuis sa naissance, ma famille le sait, l'école le sait. J'en ai jamais parlé à personne d'autre.» Au moins, ça s'est dit. Tu espères juste qu'il ne croit pas que tu n'as pas confiance en lui. Au contraire, il est un des seuls à qui tu confies ta fille sans le harceler de messages toutes les cinq minutes, ce qui est en soit la plus grande preuve de confiance de ta part.

Je lui souris et ne sais pas vraiment quoi répondre à son joli commentaire comme quoi ma présence ne la gêne pas. Freya est jolie, amusante, responsable et douce. En soit, elle semble posséder tout ce que je croyais que Gabrielle avait, jusqu'à ce qu'elle fasse preuve de grande irresponsabilité envers notre fille, en décidant de partir à l'autre bout du monde et ne plus voir Mila grandir. Alors, j'ai décidé de me consacrer pleinement au bonheur de ma fille adorée et je suis devenu plutôt rouillé en matière de séduction, alors que je devenais incollable sur les programmes télé ou les différentes sortes de céréales existantes au supermarché.

- Oh, heu, si tu l'dis. Je n'ai jamais vraiment regardé, à vrai dire, mais je suis sûre que Mila serait ravie de porter le t-shirt R2... truc d'Ava, aha. Et surtout, je serai rassuré qu'elle n'attrape pas froid à être mouillée comme ça.

Je souris en secouant la tête en voyant nos petites filles partir en courant et en riant dans la chambre pour jouer. Je relève la tête vers Freya lorsqu'elle me propose d'aller chercher Spooky pour que nous partagions un dîner ensemble. Un peu timidement, mais plutôt ravi, je lui réponds:

- Oooh, ça me ferait beaucoup plaisir, et demain il n'y a pas école alors si on tarde un peu, les filles seront contentes de jouer. Je vais chercher Spooky alors? Tu sais, tu trouves toujours quoi faire, toi... je suis un peu... tendu en ce moment, ça me fera du bien. Et je suis sûr que tes spaghettis seront divins, ça sent toujours bon sur le palier de la porte aux heures des dîners ahaha

À mon tour, je lui adresse un clin d’œil et alors que je me lève, je la sens baisser les armes et me parler d'Ava. Je lui souris en m'approchant d'elle.

- Tu n'es pas obligée de m'en parler si tu ne le veux pas, tu sais... mais peut-être que je ne suis pas seulement... "personne"... ou un simple "quelqu'un"...

J'hésite un instant, puis je finis par caresser affectueusement sa main. J'ai envie de la réconforter et de la protéger, mais mon geste pourrait être interprété différemment... Peut-être que c'est ce que je veux après tout...

- Bon, je vais chercher Spooky? Je te laisse Mila? Et ensuite, je t'aide à préparer le dîner?

Je hoche la tête en signe d'accord et je vais rapidement ouvrir la porte de chez moi, Spooky me sautant dessus, tout excité.

- Hey mon beau, je suis là oui aha, allez zou, va voir Freya, j'arrive.

Je le laisse traverser le couloir et me dirige vers le frigidaire. J'avais prévu un fraisier pour ce soir, pour faire plaisir à ma Mila qui raffole des fraises et de la crème chantilly. Chez Let them eat cake, la douceur du fraisier remonterait le moral de n'importe qui, quel que soit le malheur qui le touche. Je prends la boîte du gâteau, tapote la poche de jeans en vérifiant que j'ai bien mes clés cette fois, et claque la porte de mon appartement. Je travers à nouveau le couloir et, tout fier, je lui tends la boîte en carton de la pâtisserie.

- Et j'ai apporté le dessert! livraison express!

Je souris d'un air malin en tendant à Freya le paquet. Sur ce coup-là, j'ai assuré, et j'en suis ravi, si je peux l'impression un  peu...

Tu es plus que ravie de l'entendre accepter ta proposition. L'idée de passer un peu plus de temps avec lui te réjouit énormément. De plus, tu es persuadée que les filles seront heureuses d'apprendre la nouvelle. Et comme il n'y a pas école le lendemain, elles seront doublement contentes. Tu l'écoutes te dire que tu trouves toujours quoi faire alors que lui est un peu tendu. C'est un peu une de tes caractéristiques, toujours prévoir, avoir tout réglé minutieusement pour ne pas perdre de temps. Seulement, le dîner de ce soir est un peu hors programme. Ce n'est pas grave en soit. Si tu ne l'avais pas invité ce soir, tu l'aurais très certainement fait un autre moment. Tu apprécies beaucoup sa présence à tes côtés alors cela ne t'opportune en aucun cas de partager un dîner. « T'inquiètes pas pour ça, je te détendrais. » Réponds-tu à son clin d'œil avec un sourire espiègle. Tu t'aperçois rapidement du double sens de ta phrase. Tu aurais pu insinuer tout et n'importe quoi avec le mot détendre. Et étrangement, tu ne sais pas non plus quel sens tu as voulu donner à tes paroles. Cela ressemble à du flirt pur et dur. Cela n'y ressemble même plus puisque la réalité est belle et bien présente. Mais hors de question de reprendre tes dires. Alors, tu prends une discrète respiration, laissant tes mots tels qu'ils ont été dit. Jasper s'est rapproché de toi en t'annonçant que si tu ne veux pas en parler, tu es loin d'être obligée de le faire. Mais, il a raison sur un point. Il n'est pas seulement quelqu'un ou seulement ton voisin. Il est… Il est Jasper qui est tout à fait apte à comprendre la gravité de la maladie de ta fille. Il serait même préférable qu'il en connaisse la gravité s'il venait un jour à emmener Ava à l'hôpital suite à une crise.  Tu sens sa main caresser la tienne avec affection et tu lui adresses un sourire. Tu as hésité à prendre sa main dans la tienne. Tu détestes que ton cœur prenne le dessus sur ton mental d'acier et pourtant, c'est ce qu'il est entrain de faire. Sûrement mais doucement. Tu as l'impression de perdre un semblant de contrôle et ça te panique. L'inconnu, c'est pas ton truc. Pourtant, tu sautes dedans la tête la première, réconfortée par la présence sécurisante de ton voisin. Cela te donne envie de lui confier tous tes petits tracas et tu te rends compte une nouvelle fois que c'est loin d'être digne de la femme que tu veux montrer aux autres. Tu gères tout depuis si longtemps, ce n'est pas maintenant que tu vas t'effondrer. Surtout pas. « T'es loin d'être seulement quelqu'un crois-moi, et tu as raison j'ai besoin d'en parler. J'en ai fait malgré moi un sujet tabou et il serait temps d'y remédier. » Tu hoches la tête en signe d'accord, en le regardant s'éloigner pour aller récupérer Spooky. Tu en profites pour débarrasser la tasse de café Star Wars que tu lui as servi et le sucre en morceau. Tu n'as même pas le temps de dire ouf, de sortir la grosse casserole qui servira à faire cuire les pattes qu'un dalmatien débarque en courant dans ta cuisine, te sautant dessus, tout excité. Tu ris et caresse son museau avant de voir débarquer Jasper qui a une boîte de la pâtisserie de la ville dans les mains. Il te la tend en t'annonçant qu'il a apporté le dessert. Il a assuré comme un chef. Tu sais que ça fera extrêmement plaisir à ta petite fille. Tu ne prends jamais l'occasion d'acheter des pâtisseries à Let Them Eat Cakes! . Pourtant, les professionnelles qui y travaillent, ont la réputation d'être les meilleures de leur domaine en ville. Personne ne pourrait concurrencer avec elles. Tu saisis le paquet et tu reconnaîtrais entre mille l'odeur du fraisier qui vient te chatouiller les narines à travers l'emballage. « Oh génial ! C'est super sympa de ta part ! T'as tout géré ! Merci ! » Tu t'exclames ravie tout en mettant le gâteau au frigo. Cette attention de sa part te fait sourire grandement. Tu te mets sur la pointe des pieds pour tenter d'ouvrir le placard qui renferme la casserole qui permettra de faire cuire les pâtes. Du haut de ton un mètre cinquante sept, ce n'est pas tous les jours faciles et la dernière fois que tu as tenté de monter sur une chaise, tu t'es fracturée le poignet. Tu ne sais pas pourquoi tu espères toujours avoir pris quelques centimètres depuis la fois précédente. « Fichu taille de merde… » Tu marmonnes avant de t'adresser à Jasper, toujours en galérant comme une folle : « Tu peux aller changer Mila si tu veux. Les fringues d'Ava se trouvent dans sa chambre, choisis ce que tu veux, elles doivent faire à peu près la même taille. Après on pourra commencer à préparer le dîner. » Et discuter, surtout discuter. Le dîner te paraît presque secondaire maintenant que tu as l'occasion de lui parler un peu plus longtemps.

Je suis plutôt content que Freya m'ait proposé de rester dîner. À vrai dire, je pense beaucoup à Gabrielle ces derniers temps et une fois Mila couchée, j'ai tendance à me laisser aller à l'état d'esprit morose. Je lâche sa main délicatement, car la garder davantage dans la mienne pourrait paraître suspect. Certainement moins suspect que la phrase qu'elle me lance, comme quoi elle aurait le secret pour me détendre. Je ne peux m'empêcher de rire mais retient mon envie de faire une blague. J'ai peur de paraître lourd, insistant, et je ne veux pas qu'elle devine ce qui m'avait traversé l'esprit pour me détendre. D'autant plus qu'elle m'affirme que je représente quelque chose pour elle, que je ne suis pas juste un voisin insignifiant. Je lui souris d'un air compatissant et essaie d'être rassurant, pour qu'elle ne se sente pas gênée de me parler de tout ce qu'elle voudra.

- Une maladie ne peut pas être tabou, tu peux en parler, ça t'enleverait peut-être un peu de poids. Tu sais, des gens profitent de leur maladie ou de celle de leurs enfants pour avoir accès à des privilèges. C'est pas très honnête de leur part, car ils en abusent parfois. Mais toi, tu fais carrément l'inverse. Je suis sûr que trouver le juste milieu entre toi et ces gens serait parfait...

Je n'insiste pas car je préfère qu'elle vienne m'en parler d'elle-même. J'ai peur de la brusquer, de la contraindre à me parler et je n'ai pas envie de cela. Je pars chercher Spooky et récupère le gâteau et je me retiens de rire en revenant, lorsque Freya jure parce qu'elle n'arrive pas à attraper un saladier. Je lui souris et lève le bras pour attraper le fameux ustensile de cuisine et lui donne en souriant d'un air malin.

- Tout ce qui est petit est mignon...

Et pour alléger mon compliment, j'ajoute:

- S'il te plaît, évite de me dire "oui mais tout ce qui est grand est con, ou de la mauvaise herbe" aha

Je souris puis je lui obéis et pars tranquillement m'occuper de Mila. Je la sèche bien et je la change, alors que Ava part questionner sa maman sur le dîner du soir. Je fais un bisou à Mila qui me regarde de son air malin et je lui demande:

- Qu'est-ce qu'il y a ma chipie?

Je la câline et la prends dans mes bras en me relevant alors qu'elle me dit:

- Elle est zolie Freya... tu trouves pas?

J'en reste bouche bée et je me racle la gorge, alors que nous arrivons dans la cuisine.

Jasper te donne l'ustensile dont tu as besoin pour commencer la cuisine, ce sourire malin sur les lèvres lui donnant un air, qui, tu dois bien l'avouer, te plaît bien. Il en profite pour commenter ta petite taille et tu souris, laissant transparaître ton contentement. Un compliment, ça fait toujours plaisir. Si tu avais été une de ces filles niaises qui rougissent à la moindre occasion alors, tu serais déjà pivoine. Fort heureusement pour toi, c'est loin d'être le cas et tu te contentes de ce sourire qui montre que ça a fait son petit effet. Tu ris quand tu l'entends te préciser qu'il se passerait bien de tous futurs commentaires banaux qui répondent à ce fameux tout ce qui est petit, est mignon. Evidemment, tu ne peux pas retenir une petite remarque. Ca serait trop beau sinon. « J'aurais plutôt dit tout ce qui est grand est charmant. Mais, bon c'est comme tu veux hein.  » Tu souris et le regardes s'éloigner dans le couloir alors qu'il se dirige vers la chambre de ta petite Ava. Tu l'aimes bien Jasper. Il est un homme drôle, intelligent et en plus de ça, il est loin de ressembler à une horreur. Etre tombée sur lui comme voisin est une véritable bénédiction à tes yeux et tu te dis que le hasard fait vraiment bien les choses, Mila et Ava étant les meilleures amies du monde. Tu remplis la casserole d'eau et allume le gaz afin de la faire chauffer. Tu attends que l'eau boue sans vraiment surveiller réellement. Tu es bien concentrée sur les paroles de Jasper. Ses mots sur l'attitude que tu devrais prendre sur la maladie de ta fille étaient vraiment sensés et en y réfléchissant de plus près, tu penses qu'il a raison. Tu te rajoutes du poids supplémentaires à ne pas en parler. Mais, tu es comme ça. Tu aimes tout gérer, ne pas avoir besoin d'aide extérieure. Tu sais que parfois ça ne te ferait pas de mal de décharger tout ce poids qu'il y a sur tes épaules. Cependant, ta fierté t'empêche de le faire. Tu sors de tes pensées quand deux petits bras frêles entourent tes jambes. Ava est là, te regardant avec de grands yeux innocents, sûrement en train de se demander ce que tu es entrain de faire. Tu la prends dans tes bras après avoir baissé le feu et embrasses tendrement son front alors qu'elle te demande : « On manze quoi ? »  Tu la fais asseoir sur le plan de travail non loin de toi et profites de tes mains libres pour prendre les spaghettis. Puis, tu les verses doucement dans la casserole en répondant : «On mange des spaghettis à la bolognaise et comme dessert, t'auras le droit au bon gâteau que Jasper a ramené. » Le sourire qui se dessine par la suite sur son visage, vaut pour toi tout l'or du monde. Elle semble véritablement ravie de comprendre que son amie et son père restent pour le dîner. Seulement, son sourire se transforme rapidement en un sourire espiègle et tu n'as pas besoin de pratiquer l'art divinatoire pour savoir ce qu'elle s'apprête à te dire. Parfois, tu te demandes si t'as réellement une grande influence sur elle, parce que visiblement, les paroles que Zeke lui a mis en tête la dernière fois, ne sont toujours pas de son esprit. Alors tu lui adresses un sourire sévère, lui montrant clairement que tu n'as pas envie d'entendre parler de ça et la fait descendre du plan de travail. Elle reste là silencieuse pendant plusieurs secondes avant que sa voix claire comme du cristal emplisse de nouveau la pièce : « Suis contente qui restent. » Tu la regardes et tu souris, en hochant la tête, lui faisant comprendre que tu le sais qu'elle est ravie que la petite famille Clayton reste diner avec eux. « Tu veux bien donner le torchon à maman s'il te plait ma chérie ? » Elle se précipite pour le récupérer et te le donne avec un sourire fier. Tu t'apprêtes à la remercier quand un raclement de gorge résonne dans la cuisine. Tu quittes des yeux Ava qui s'est déjà précipité vers Jasper pour faire des grimaces à Mila tandis que Spooky regarde la scène tranquillement allongé sur le sol de la cuisine ; et tu souris tendrement. De loin, on pourrait presque croire à une scène de famille tout à fait normale. Les parents et leurs enfants. Mais, c'est loin d'être un tableau familial. « Je vois que tu as trouvé de quoi la changer. Elle attrapera pas froid, au moins. » Tu marques une pause avant de lui faire un clin d'œil. Tu as repris un sourire espiègle qui ressemble à s'y méprendre à celui d'Ava - telle mère telle fille à ce qui paraît - et tu lui fais signe de s'approcher. « Tu viens m'aider ? J'ai envie de voir ce que l'homme moderne sait faire. » Aux fourneaux, bien évidemment.

Je reviens dans la cuisine et évite de répondre à la question gênante de Mila. Je rigole avec les deux filles avant de sourire à Freya qui me parle.

- Oui, et d'ailleurs, Ava, c'est très très gentil de prêter des vêtements secs et propres à Mila, merci.

Je fais un bisou à Ava puis à Mila avant de les poser par terre et je rejoins Freya qui me sollicite pour la cuisine.

- Bien sûr que je sais faire des spaghettis, tu me prends pour qui. D'ailleurs, l'eau déborde là.

Je rigole en sortant vite la casserole du feu pour éviter de tout salir et regarde autour de moi.

- Heuu, tu as mis les spaghettis où?

Je jette un oeil aux filles qui se sont mises à courir autour de Spooky autour de la table de la cuisine. Je souris en imaginant que nous pourrions être une famille, heureuse, pleine d'amour et de bien être. Bien sûr, je chasse cette idée de ma tête dès que Freya me donne les spaghettis que je mets dans la casserole, que je remets sur le feu.

- Heuu en revanche, je ne suis pas très doué pour les proportions, j'ai toujours tendance à en faire pour un régiment aha.

Je soupire en voyant les filles courir avec Spooky et je finis par dire:

- Doucement, doucement... vous allez casser quelque chose... Spooky, sois un bon chien un peu, arrête de faire le fou!

Je secoue la tête et soupire, mais la scène m'amuse et me rend heureux. Je voudrais faire vraiment bonne impression niveau éducation et entretien de la maison alors, je demande à Freya:

- Je mets le couvert? Dans la salle à manger peut-être? On aura plus d'espace et les filles s'éloigneront des plaques électriques avec Spooky...

Je lui souris et passe ma main dans son dos délicatement, le temps de passer derrière elle et d'atteindre le placard où se trouvent les assiettes. En attrapant les couverts, je lui souris doucement et la regarde non sans apprécier la jolie brune. Je reste poli et subtil...

Je vais dans la salle à manger et dresse la table et rigole quand Spooky vient me tapoter la cuisse avec sa patte, affectueusement.

- Oui, mon beau, j'ai pensé à toi aussi. Je vais t'installer ta gamelle dans l'entrée...

Quel joli moment, ce soir, avec Freya et sa fille. Si l'instant pouvait durer encore un moment, je signerais sans hésitation.

Effectivement, l'eau déborde quand il t'annonce qu'il sait faire les spaghettis. Tu ris doucement. Tu ne t'es même pas rendue compte que l'eau est trop montée. Bon, ça arrive parfois d'oublier de surveiller les plaques de cuisson et de faire autre chose à côté. Mais, ce n'est pas du tout ce qui s'est passé dans ton cas. T'as été distraite juste parce que tu réfléchissais aux paroles de ton voisin. En fait, c'est de sa faute. S'il n'était pas aussi beau et intelligent, tu n'aurais très certainement  pas oublier l'eau qui chauffait. Voilà. C'est un bon coupable. Tu le regardes doucement pendant qu'il s'affère à récupérer ta connerie et tu souris doucement. C'est limite si tu ne restes pas à l'observer s'activer dans ta cuisine et étrangement, l'idée d'un Jasper en tablier te paraît être la meilleure image qui soit. Tu serais très certainement rester un petit moment ainsi s'il ne t'avait pas demander de lui passer les spaghettis. Sans plus attendre, tu les sors de leur placard et les lui tend avec un sourire alors que Jasper observe les filles s'amuser dans la cuisine. « Tiens, c'est le peu que j'ai. J'espère que ça sera suffisant. » Tu ris quand il te dit que lui aussi a toujours tendance à en faire pour un régiment entier. Les proportions ce n'est vraiment pas votre truc apparemment. Tu poses tes coudes sur la table de la cuisine et lui dis, avec un petit sourire malicieux : « Au moins, j'aurais une excuse pour te réinviter à dîner s'il y a des restes. » A peine avoir terminé tes paroles, ton regard se déporte sur les deux petites qui s'amusent comme des folles. De loin, tu sens l'essoufflement de ta petite Ava et tu lui  lances un regard sévère tandis  Jasper les rappelle à l'ordre. Tu te dépêches de la faire asseoir et de lui servir un grand verre d'eau. « Je sais que tu es très heureuse d'avoir Mila à la maison avec Spooky  mais maintenant, tu te calmes et tu arrêtes de courir. » T'as pris un ton autoritaire pour lui faire comprendre qu'il faut pas rigoler avec ça. Elle n'a que 4 ans la pauvre et sa vie est déjà bien contraignante. Tu t'en voudras toute ta vie pour lui avoir refilé cette merde. Tu soupires quand tu la regardes entrainer Mila devant la télévision. Au moins, elle a compris la leçon. C'est déjà ça. Sans plus attendre, tu te remets aux fourneaux accompagné de ton fidèle acolyte de cuisine.  Tu hoches la tête quand il te demande s'il met la table dans la salle à manger et d'un geste de la tête, tu lui montres où tu ranges la vaisselle. Ca doit être bien la seule chose que t'as mis à ton niveau. Déjà, vu comme tu galères à attraper une casserole, alors si ça avait été la même chose pour les couverts et les assiettes, tu aurais été dans la merde. Tu remues les spaghettis pendant que Jasper passe derrière toi récupérer ce dont il a besoin. Seulement, tu ne t'attendais pas à sentir sa main contre ton dos. Son toucher est délicat bien que bref et tu ne peux retenir un doux sourire en réponse au sien. Tu aurais aimé sentir un peu plus longtemps sa main contre le tissu de ton chemiser. Ca fait un petit moment qu'un homme n'a pas eu des gestes aussi doux avec toi et tu dois avouer que ça fait du bien, tellement que t'aurais presque voulu  qu'il recommence. Tu secoues imperceptiblement la tête, prenant une respiration plus que méritée. Tu chasses l'afflux de pensées qui étaient prêtes à embrumer son cerveau et après ça, tu te sens déjà un peu plus maître de toi. Tant mieux, t'as au moins évitée à la catastrophe.   Freya la névrosée, c'est loin d'être agréable à regarder. Tu sors une autre casserole du placard, avec cette fois-ci bien plus de facilitée et tu mets à chauffer la sauce tomate pendant que tu égouttes les pâtes. Le repas est bientôt prêt et il sera bientôt l'heure de passer à table. Une fois la sauce bolognaise réchauffée, tu emmènes de quoi boire, des serviettes en papier ainsi que le plat de pâtes que tu poses sur la table. Tu en profites pour donner une caresse à Spooky pendant que t'adresses à ton voisin :   « Merci de m'avoir aider à préparer le dîner de ce soir, j'apprécie, c'est vraiment sympa de ta part. » Tu poses brièvement ta main sur la sienne avec une grande douceur en lui adressant un sourire sincère. Puis, tu appelles les filles pour qu'elles se mettent à table et tu t'installes à ton tour, en te chargeant du service.

Je souris en préparant les spaghettis. Je n'ai jamais pris autant plaisir à faire la cuisine qu'en compagnie de Freya. Par chance, elle a choisi de faire des pâtes, et c'est l'une des rares choses que je suis capable de faire sans trop les louper. Je ris à sa remarque et je lui réponds en lui jetant un regard séducteur:

- Tu n'as pas besoin d'excuses pour m'inviter tu sais...

Je me concentre l'air de rien sur la tâche à effectuer alors que Freya m'appuie concernant les filles qui font les folles. Je ne m'en suis pas rendu compte, mais Ava ne peut pas se dépenser autant que Mila et j'observe discrètement la scène quand Freya demande à sa fille de se calmer. Je lance un regard appuyé à Mila pour lui faire comprendre qu'elle doit obéir aussi à la maman de son amie et je souris quand elles vont devant la télévision dans le salon.

Je pars ensuite mettre la table et je reviens pour donner de quoi nourrir Spooky dans son bol habituel. Parce que oui, monsieur a l'habitude d'avoir sa ration aussi chez Freya. Un vrai pacha ce chien, bien plus à l'aise que moi lorsque Freya lui donne une caresse. Je le vois s'assoir et lever la tête vers la jeune femme avant d'émettre un aboiement satisfait. Je rigole. Si seulement je pouvais moi aussi me délasser au contact de Freya sans la moindre ambiguïté, je le ferai sans hésitation.

- Et bien Spooky, on dirait que tu aimes bien Freya...

Je lui donne une tape affectueuse sur la tête avant de me laver les mains et de passer dans le salon. J'installe les filles à table alors que Freya remplit les assiettes. Je lui souris quand elle me remercie d'avoir préparé le dîner. Je profite qu'elle pose sa main sur la sienne pour poser la mienne par dessus ensuite et je caresse le dos de sa main. Je sens le regard de Mila posé sur nos mains, alors je la retire et regarde ma fille.

- Quoi?! Mange avant que ce soit froid. Tu veux que papa coupe les pâtes?

Elle pouffe de rire avant de hocher la tête et j'avance son assiette vers moi pour couper ses pâtes, je la lui rends et demande à Ava:

- Tu veux de l'aide aussi?

J'aide aussi la puce, bien entendu qu'elle veut de mon aide, Mila et Ava font toujours tout pareil ce qui a le don de m'amuser. Je jette un regard complice à Freya avant de dire:

- Peut-être que si vous finissez bien vos assiettes, je peux voir si je n'ai pas un dessin animé qui traîne sur mon ordi... enfin j'dis ça comme ça...

Je me remets à manger en regardant le beau petit monde qui m'entoure. Spooky vient nous rejoindre et il tourne autour de la table en remuant la queue. Même lui semble ressentir le bonheur qui émane de cette petite scène.

Vous avez tout préparé dans les règles de l'art et vous voilà à table, accompagnés de vos deux petites filles. Vos deux mains sont posées l'une sur l'autre et Jasper caresse le dos de ta main. Tu encres ton regard chocolat dans les yeux bleus de ton interlocuteur en souriant. Ses yeux sont emplis de quelque chose que tu n'arrives pas à décrire, quelque chose qui aurait le pouvoir  de te faire tourner la tête. En une fraction de seconde, tu as l'impression de revoir les yeux de Selwyn et quelque chose remue au fond de ton cœur. Une plaie mal cicatrisée, le souvenir d'un amour disparu . Tu t'apprêtes à détourner le regard sans forcément être dans l'idée d'enlever ta main, mais, Jasper le fait à ta place. Le contact est rompu et tu hausses un sourcil quand tu l'entends parler à Mila. Tu as l'impression que ça le gêne que sa fille vous ait surpris entrain de vous tenir la main. Tu ne sais pas si tu aurais réagi de la même manière si c'était Ava à la place de Mila. En tout cas, tu secoues imperceptiblement la tête. Loin de toi l'idée de vouloir le mettre mal à l'aise devant sa fille. Il propose aux filles de couper leurs pâtes et évidemment, elles acceptent toutes les deux. Elles font toujours la même chose, toujours à s'imiter l'une et l'autre. Tu souris et tu déposes un regard plein de tendresse sur ta fille qui laisse Jasper lui couper sa nourriture. Il fait vraiment un excellent papa, constates-tu. Il est plein d'attentions pour sa fille, de même pour Ava qui n'est pourtant pas sa fille. Tu ne pouvais vraiment pas mieux demander comme meilleur voisin. Tu commences à manger à ton tour en n'oubliant pas de servir un verre d'eau à tout le monde et de donner une caresse à Spooky qui semble être bien plus intéressé par le contenu de ton assiette que par l'hypothèse de recevoir quelques caresses. Tu ris doucement quand  ton invité s'adresse aux filles en insinuant qu'il a des dessins-animés sur son ordinateur. Tu échanges un regard complice et lui fais un petit clin d'œil pour lui montrer que c'est une très bonne idée. Elles seront calmes toute la soirée et finiront même par s'endormir sur ton canapé et enfin, Jasper  et toi pourrez discuter librement. « Jasper a raison. Ca serait dommage de rater un bon dessin animé si vous ne finissez pas vos assiettes. » Il ne faut pas le dire deux fois à Ava qui commence à engloutir ses spaghettis comme si on allait lui voler. Tu ris. Tu ne sais vraiment pas d'où elle tient cet appétit. Mais, c'est tant mieux. Au contraire, si elle n'avait rien avaler, tu te serais inquiétée. Mais, ce n'est pas le cas. « Ma chérie, calme toi.  Tes spaghettis ne vont pas s'enfuir. » Elle lève la tête, la bouche pleine de sauce tomate et tu ris un peu plus avant d'observer Mila qui a également la même bouche que ta princesse. Ces deux là font vraiment la paire. Tu attrapes ta serviette et essuies la bouche de ta fille avant de te lever et de faire la même chose pur Mila. Tu retournes t'asseoir pour terminer ton assiette. Tout en continuant à manger et à surveiller les filles qui semblent se confier quelques petits secrets, tu observes Jasper et lui demandes : « T'as passé une bonne journée ? C'était pas trop dur le boulot aujourd'hui ? » Tu donnes presque l'impression d'être une mère de famille qui s'intéresse au boulot de son mari. Ce qui est loin d'être le cas. Tu fais la conversation parce qu'avec vos deux chipies, c'est vraiment impossible d'en placer une tellement elles sont bavardes. D'ailleurs, celles-ci pouffent de rire en vous regardant et se remettent à chuchoter. Tu échanges un regard avec Jasper, surprise puis tu hausses un sourcil en te demandant ce que manigancent les filles.  De vraies pipelettes ces deux-là. « Et bah alors, les filles, qu'est ce qui se passe ? » Tu ne t'attendais pas à les entendre rire encore plus. Elles sont douées puisque t'as jamais été autant perplexe de toute ta vie.

Le coup du dessin animé marche à tous les coups. Je me retiens de rire en mangeant alors que les filles engloutissent leur assiette de spaghettis. Je ne voudrais pas que Freya me réprimande aussi alors je préfère cacher que le comportement des filles m'amuse. Le sérieux me gagne à nouveau lorsque Freya me demande comment ma journée s'est passé. Un quart de seconde, je la regarde, agréablement surpris. Je me dis que c'est étrangement appréciable que l'on s'intéresse à soi, que l'on vous demande comment notre journée s'est passée. Mis à part les parents de Zeke, je ne crois pas qu'une seule personne sur Terre ne m'a demandé un jour cette simple question qui peut devenir banale et anodine au quotidien pour certains. Comment ma journée s'est-elle passée?

- Et bien... Zeke a oublié son réveil ce matin alors pour le punir je lui ai fait passé le balai dans nos bureaux pendant que je finissais un reportage.

Je pouffe de rire en revoyant la tête de Zeke quand je lui ai désigné le balai. J'arrête de parler de ma journée lorsque je remarque que les filles nous regardent avant de s’esclaffer. Et comme je sais que Mila aime bien parler de la beauté de notre voisine et le fait qu'elle l'aimerait bien pour maman, je préfère faire diversion avec une très bonne arme: la gourmandise des filles.

- Hmm.. moi je crois qu'il y a un gâteau qui vous attend dans le frigo! Qui en veut??

Je lève la main bien haut pour montrer que je veux du fraisier, les filles ne tardant pas à m'imiter. Je rigole et pose ma main sur celle de Freya en lui disant:

- Ne bouge pas, je m'en occupe...

Je serre ensuite légèrement et tendrement son épaule en me levant avant de débarrasser nos assiettes vides et nos couverts. Une fois dans la cuisine, je rigole en voyant que Spooky me suit partout.

- Shh mon beau, calme toi Spooky... va dans le salon, zou...

Je ne voudrais pas que Spooky me fasse faire une bêtise alors que je m'applique à prendre des assiettes propres, des petites cuillères ainsi que le gâteau. Je reviens à table et dépose la boîte de la pâtisserie au centre de la table avant de distribuer les assiettes et les cuillères. Puis, je m'assois, fier de mes initiatives pour décharger Freya de s'occuper du repas. Et là, je regarde la boîte et ma fierté s'envole, faisant place à la déception.

- Mer...Zut! j'ai oublié le couteau...

Il aurait plus que manquer que j'ai un écart de langage devant les filles alors que je fais toujours attention. Décidément, être le parfait homme de maison n'était pas si simple que ça...

Le repas se passe très bien pendant que vos petites filles engloutissent leur assiette, à l'entente du futur dessin animé que Jasper leur mettra. Cette scène te fait sourire et une fois que tu as débarrassée les filles des traces de sauce tomates au coin de leur bouche, tu recommences à dîner en t'intéressant à la journée de ton voisin. Il a l'air surpris en une fraction de seconde avant de se reprendre et de te raconter comment s'est passée sa journée. Ca t'étonne qu'il ait pris ce petit air dérouté, comme s'il ne s'attendait pas à ce que tu l'interroges là-dessus. Pour toi, ça te paraît tout à fait normal de le faire. Tu es polie et espères sincèrement que tous les jours qui passent, tes amis passent une excellente journée. Tu pouffes légèrement quand tu l'entends rire à propos de Zeke. Tu ne connais pas énormément Zeke mais assez pour le savoir chiant quand il le faut. T'es persuadée qu'au moins ça lui a fait les pieds et qu'il ne recommencera pas à être en retard. Passer le balai, c'est loin d'être le plus éclatant au monde. « T'es cruel. » Rigoles-tu. Les filles ne vous laissent cependant pas le temps de continuer cette discussion qu'elles s'esclaffent de rire en vous regardant. T'es loin de comprendre leur amusement et c'est pourquoi tu leur demandes la raison de leurs éclats de rire. Elles ne te répondent pas et alors que tu jettes un regard étonné à Jasper, il te semble qu'il connaît très bien la raison de leur cachotteries. Tu fronces les sourcils quand il détourne l'attention des filles en leur proposant de servir le gâteau. Forcément, la réaction des filles est immédiate et tu te laisses une note mentale comme quoi, tu auras une petite discussion avec le papa. Hors de question qu'on te laisse dans l'incompréhension. C'est toi la maîtresse des lieux et il n'est pas question qu'on te fasse des cachotteries sous ton toit. Quoi qu'il en soit, tu te tais, préférant parler à Jasper pendant que les filles se seront endormies devant la télévision. Vous aurez une plus grande liberté d'expression et aucune oreille indiscrète pour vous écouter au cas où certains petits sujets seraient délivrés. Au pire, tu mettras un peu d'alcool dans votre café pour faire mieux passer les choses.  Tu t'apprêtes à te lever chercher la pâtisserie quand Jasper t'affirme qu'il y va. Tu souris et hoches doucement la tête. Sa main serre tendrement ton épaule et tu le regardes s'éloigner, te disant que décidément, tu aurais bien besoin d'arrêter de vouloir tout faire. Ce désir de tout contrôler finira à un moment donné par te faire défaut, te revenir comme un boomerang reviendrait à son lanceur. Tu aides les filles à terminer leurs assiettes et Jasper revient avec la pâtisserie, paraissant fier de lui. Cependant, ta mine déconfite quand il se rend compte qu'il a oublié le couteau, te fait rire. Tu ne te moques pas, loin de là. Mais, tu trouves ça adorable. Tu ris un peu plus quand tu l'entends se rattraper, à deux doigts d'avoir un écart de langage devant les filles. Tu poses sa main sur son bras et tu lui fais un clin d'œil, amusée. « C'est bien pour ça qu'on dit que les hommes ne savent pas faire deux choses en même temps. Bouges pas, je vais le chercher. » Tu te lèves à ton tour et en profites pour débarrasser les assiettes sales. Spooky tourne dans le salon visiblement content de voir du monde en cette soirée printanière. Il te regarde, aboie et se met à courir vers son maître, visiblement très excité. Tu souris un peu plus et prend la direction de la cuisine. Tu poses les assiettes et les couverts dans l'évier, te rappelant qu'il faut que tu vides ton lave-vaisselle. Tu attrapes à la va-vite le couteau en question et revient dans la salle à manger. Les filles lorgnent sur le carton de Let Them Eat Cakes!. Tu peux sentir leur impatience de petites filles gourmandes et tu le comprends tout à fait. Ava, en cet instant, ressemble à la Freya de quatre ans qui se réjouissait d'une part de gâteau. Tu passes derrière ta fille, embrasses tendrement son crâne et tu finis par ouvrir le carton. « J'en connais qui font se régaler ce soir ! » Tu commences à couper le fraisier et à servir les parts, en n'oubliant pas de piquer une fraise sur la part de Jasper, ni vu ni connu. Avec une innocence feinte, tu t'exclames : « Il est vraiment très bon  ! Je ne sais pas qui a choisi cette pâtisserie mais il a très bien fait. J'adore les fraises ! » Les filles se mettent à parier sur laquelle d'entre elles finira sa part en premier et tu adresses un sourire radieux à ton voisin. Ces moments sont vraiment à chérir, penses-tu. L'ambiance est chaleureuse et joyeuse. Rien de tel pour finir la journée sur une note délicieuse.

La soirée se passe à merveille et je suis heureux de constater qu'elle me fait oublier mes démons. Nous rions en parlant d'Ezekiel et de sa punition qui a consisté à passer le balai. Et bien il n'avait cas pas arriver en retard, cela ne lui serait pas arriver. Vient ensuite le moment du dessert et je me décide à prendre les choses en mains. Je reviens avec le gâteau, tout fier avant de me rendre compte qu'évidement, j'ai oublié quelque chose. Le couteau.

Je rigole à la taquinerie de Freya avant qu'elle aille dans la cuisine. Pendant ce temps, Spooky vient chercher des caresses et je le gratte entre les oreilles avant qu'il ne se décide à aller voir les filles.

- Evitez de trop jouer avec Spooky quand on est à table... au mieux, il vous salit les mains en bavant, au pire, il mange votre part, alors vous décidez.

Je leur fais un clin d'oeil et je rigole alors que les filles se tiennent à carreaux. Les petites gourmandes veulent du gâteau et font tout pour avoir une grosse part. Je ris en voyant les files mettre de grosses cuillères dans leur bouche une fois qu'elles sont servies et je vois apparaître sur leur lèvre inférieure une moustache de chantilly.

- Oh mon dieu, les moustaaaaches.

Au même instant, Freya me sert et je la vois piquer la plus grosse fraise de ma part.

- Heyyyy heuuuu...

Je secoue la tête et, prenant ma cuillère, je viens piquer dans son assiette le joli petit tas de crème chantilly qui prônait et magnifiait la part.

- Miaaaam.

Je pouffe de rire avant de me mettre à manger mon gâteau, les filles ne prenant plus le temps de discuter pour manger avec gourmandise.

- Oui, hein, c'est bon. Et bien, je l'ai choisi mais c'est Mila qui adore les fraises... et je suis content qu'il te plaise aussi...

Je la regarde un moment tendrement, en souriant. Je pense même que mes yeux brillent tellement je trouve Freya jolie. Puis, je me reprends et me remets à manger mon dessert alors que les filles sautent de leur chaise une fois leur assiette vide et se mettent à courir après Spooky qui n'attendait que ça. Je finis ma part aussi et souris à Freya, en prenant sa main.

- Merci pour le dîner, c'était super... Bon, on va leur mettre leur dessin animé, comme promis, non? À quelle heure se couche Ava?

Je ne veux pas perturber ses habitudes et encore moins m'imposer chez elle, j'ai juste envie qu'elle ait envie de me garder près d'elle encore un peu...

La soirée est rythmée par les éclats de rire et tu dois bien avouer que cela fait un moment que tu n'as pas passé un aussi bon moment. Plusieurs années même. Le dernier homme a t'avoir fait autant sourire n'est autre que le père de ta fille. Tu secoues imperceptiblement la tête, t'interdisant de penser à Selwyn pour éviter de te plonger dans une mauvaise et triste humeur. Tu sers toute la tablée. Les filles ne font qu'une bouchée de leur part et tu profites d'un moment d'inattention de Jasper pour lui piquer la plus grosse fraise de sa part. Tu ris en l'entendant contester et tu l'observes te voler la chouquette de chantilly qui prônait fièrement sur ton fraisier. Ah non, pas la chantilly. T'es pas d'accord. Encore les fraises à la limite mais la chantilly, non.  Sacrilège. Tu t'indignes. « Ah non Jasper !  Pas ma chantilly ! » T'as l'impression d'être une adolescente qui s'amuse avec son flirt du moment. En tout cas, t'as pas l'air d'avoir vingt-huit ans à cet instant. Tu continues doucement de contester tout en mangeant ta part de gâteau mais entendre Jasper pouffer de rire, comme une adolescente, te fait éclater de rire et tu répliques : « Je me vengerais pour la chantilly, tu sais. Attends toi à un truc de fou. » Tu te remets à déguster ce délicieux fraisier tout en annonçant que tu le trouves exquis. Ton charmant voisin a l'air tout à fait ravi de son choix et quand son regard se pose sur toi, tu ne peux t'empêcher de glisser le brun de tes yeux dans ses prunelles claires. Tu glisses une mèche rebelle derrière ton oreille et tu profites de cette tendresse que tu arrives à lire dans ses iris. Tu n'as absolument aucune envie de détourner le regard, c'est étrange. Tu pourrais t'y perdre, tellement cette douceur t'envoûte lentement mais sûrement. Fort heureusement pour toi, Jasper semble reprendre ses esprits et termine sa part. Tu n'as absolument aucune idée de ce qu'il aurait pu se passer si vous aviez continué à vous regarder ainsi. Quoi qu'il en soit, les filles ont profité de votre petit moment d'inattention pour sortir de table et se mettre à courir derrière Spooky. Tu fronces les sourcils. Habituellement, Ava aurait du te demander l'autorisation pour sortir de table mais tu ne veux pas passer pour une mère autoritaire aux yeux de Jasper alors tu laisses couler. Cependant, la voir se remettre à courir n'empêche pas ton inquiétude de ressortir progressivement. Tu sais que d'ici quelques minutes, ta fille sera de nouveau essoufflée et tu ne veux en aucun cas la voir en état de crise.  Tu préfères donc la stopper immédiatement. Vaut mieux prévenir que guérir. « Arrêtez de courir, vous allez déranger les voisins. » Dis-tu à l'attention des filles. Immédiatement, elles obéissent et d'un air satisfait, tu détournes les yeux, les laissant s'amuser calmement. La main de Jasper sur la tienne te fait déporter ton attention de nouveau sur ton voisin et tu réponds à son sourire, avec comme seule envie de rester ainsi encore un moment. Si tu pouvais arrêter le temps juste pour continuer à profiter de cette soirée, tu le ferais. Inconsciemment, tu appréhendes un peu le moment où il rentrera chez lui, te laissant seule avec ta perle rare. « De rien, ça m'a fait plaisir de t'avoir pour dîner. Et puis, Ava est super heureuse d'avoir Mila à la maison. Donc, j'imagine que c'est donnant-donnant. » Tu marques une légère pause avant de prendre : « Oui, mettons leur le dessin animé, ça les calmera un peu au moins. Ava devrait pas tarder à s'endormir. Je vais aller lui enfiler un pyjama pendant que tu leur mets le film.  » Tu te lèves, non sans oublier de donner une légère caresse sur sa main et tu embarques ta fille avec toi, prête déjà à somnoler. Une fois dans sa chambre, tu lui enfiles sa petite chemise de nuit pendant qu'elle attrape son doudou préféré. Un bisous et hop la voilà de nouveau partie dans le salon prête à défiler dans sa jolie chemise de nuit. Tu la suis doucement et tu t'accoles dans l'encadrement de la porte du salon, observant doucement Jasper installer le dessin animé pour les filles.

Je ris comme un gamin d'avoir chapardé un peu de dessert à Freya. Je suis content du ton léger que prend la situation et j'ouvre de grands yeux quand elle me prévient que la revanche sera grande et douloureuse.

- Ouuuh, j'ai peur. C'est une menace?

Je ris encore doucement avant de finir le repas tranquillement. Les filles son déjà en train de courir après Spooky et je reste silencieux sans oser parler d'Ava lorsque je reconnais l'inquiétude dans les yeux de Freya. Je sais désormais qu'à cause de sa maladie, elle ne peut courir beaucoup alors j'appuie les paroles de Freya d'un regard sévère à l'intention de Mila pour qu'elle aille aussi s'installer dans le canapé. Avant de me lever, je remercie à nouveau Freya pour le dîner et sa réponse me va droit au coeur. Pourtant, elle ne fait que me renvoyer la pareille, en me disant qu'elle et Ava aiment ma compagnie et celle de Mila, mais je suis tout de même heureux de lui entendre dire.

Alors que Freya part mettre Mila en pyjama, je donne son doudou et sa sucette à Mila. La réclamation de ces deux-là par ma fille sont le signal d'un endormissement imminent. Je les lui donne en lui faisant un bisou sur le front puis j'attrape la sacoche du travail dans lequel j'ai rangé mon disque dur externe. Parmi les dossiers pour le travail, ce trouve un dossier "Dessins animés Mila". Je déplace les flèches de la commande jusqu'à arriver sur celui-ci et j'appuie sur "ok". Là, apparaissent sur l'écran un nombre assez impressionnant de titres de dessin animé.

- Bon... les filles... je mets quoi?

Je ris quand Spooky vient renifler l'écran de la télé et je soupire.

- Spooky, couché. Tu veux participer toi aussi, hein?

C'est en regardant Spooky s'installer confortablement sur le tapis que je dis aux filles:

- Vous avez déjà regardé les 101 dalmatiens? Je l'ai si vous voulez... ça devrait vous plaire, il y a les copains de Spooky dedans.

Ava et Mila ne semblent pas me croire et je rigole en disant:

- Je vous jure que si! Pas vrai, Freya?! Dis leur, elles ne me croient pas...

Finalement, les filles adhèrent à mon choix. Ce sera donc Les 101 Dalmatiens ce soir. Je mets le film en route et vais m'installer dans le canapé. Je souris quand Mila vient se blottir contre moi et je dépose un baiser dans ses cheveux. Je vois qu'elle ne va pas tarder à s'endormir même si elle regarde le dessin animé alors je préfère anticiper en demandant à Freya:

- Tu aurais un pyjama d'Ava à me prêter pour Mila? Je préférerai la changer maintenant avant de la déranger dans son sommeil... sinon, je vais rapidement chez nous, c'est pas un souci...

Je souris à ma jolie voisine en jetant un oeil aux filles qui ont les yeux rivés vers la télévision, bien que leur doudou vient souvent frotter leur petit nez et leurs yeux fatigués.

Jasper n'a pas l'air de te croire quand tu lui dis que tu te vengeras. Peut-être que ta petite taille ne rend absolument pas crédible tes propos mais de là à ne pas prendre au sérieux ce que tu dis, quand même. Tu croises les bras et lui lances un regard de défi. « Bien sûr que c'est une menace. Je suis redoutable comme nana, tu sais. Tu devrais avoir peur ! » Vous terminez le repas dans une excellente ambiance pendant que les filles courent après Spooky. Forcément, l'inquiétude se lit sur ton visage quand tu vois Ava courir avec innocence. Alors, rapidement, tu les stoppes prétextant un éventuel dérangement pour les voisins. Fort heureusement, elles obéissent immédiatement. Après ça, Jasper affirme avoir passé une excellente soirée et tu lui retourne le compliment. Ce dîner est de loin le plus agréable que tu aies passé depuis longtemps. Jasper a eu le mérite de te faire oublier tes démons et pour ça, tu lui en es extrêmement reconnaissante. Passer une soirée sans penser à tes tracas quotidiens, c'était tout ce que tu demandais depuis un moment et voilà que Jasper te la donne. Tu lui souris tendrement avant de prendre ton bébé dans tes bras et de l'emmener dans sa chambre pour la mettre en pyjama. Ses mains viennent régulièrement frotter ses petits yeux et une fois que tu as terminé de l'habiller, elle se précipite de nouveau dans le salon pour aller s'installer sur le canapé.  Tu reviens tranquillement et une fois arrivée, tu observes ton voisin mettre le film. Tu pouffes discrètement de rire quand tu l'entends assurer que chaque dalmatien du film fait partie de la famille de Spooky. Les filles n'ont pas l'air de le croire et quand il te demande du soutien, tu prends un air innocent avant de battre des cils. « Oui, bien sûr. Faudrait peut-être penser à arrêter les mauvaises substances mon petit Jasper.  »  Mouhaha. Petite vengeance personnelle. Tu détournes le regard et t'adresses aux filles. « Jasper raconte n'importe quoi. Ce sont pas les copains de Spookys, ce sont ses frères et ils sont célèbres comme la Reine des Neiges.  » Ava te regarde émerveillée et elle hoche vivement la tête. Finalement, les deux nenettes sont d'accord pour regarder les 101 Damaltiens et tandis que tu t'apprêtes à t'installer sur le canapé, ton voisin te demande si tu as un pyjama d'Ava à lui passer. En souriant, tu déposes ta main sur son bras et tu hoches la tête : « Bien sûr. Aucun souci pour le pyjama. C'est le premier tiroir de la commode dans la chambre d'Ava. » Tu les regardes quiter le salon avant de te lever et d'aller récupérer la couverture qui trône sur ton lit. Quand tu reviens, tu la dispose sur Ava qui vient se coller contre toi. Tu lui caresses affectueusement les cheveux et sa petite vois fatiguée retentit dans la pièce à vivre. « T'aime maman. » Un doux sourire vient se loger sur ton visage et tu déposes un baiser sur ses cheveux bruns. « Moi aussi je t'aime ma chérie. » Ava est tout à tes yeux. C'est l'éclat qui ensoleille tes journées. Etre maman c'est pas facile tous les jours mais c'est le plus cadeau que la nature t'ait fait.  Tu ne remercieras jamais assez Dame Nature pour t'avoir donnée une perle rare comme ta petite Ava. Tu entends des bruits de pas dans le couloir et tu arrives à en déduire que Jasper est de retour dans le salon, Mila vêtue d'un des pyjamas girly de ta fille. Tu souris affectueusement et tu déposes un regard tendre sur la petite. « Ce pyjama lui va comme un gant. Une vraie merveille. » Tu leur fais de la place sur le sofa et tu interroges Jasper du regard : « Tu veux un café peut-être ? » Tu fais tout pour le mettre à l'aise, qu'il se sente comme chez lui. Peut-être qu'ainsi tu pourras le garder un peu plus longtemps près de toi parce que tu n'as réellement pas envie que cette soirée se termine.

Je prends plaisir à partager ce moment avec Freya et nos filles, alors que nous nous taquinons et paraissons insouciants comme des enfants. Pourtant, nos vies ne sont pas toutes roses mais malgré tout, nous gardons le sourire, sans doute grâce à nos filles pour qui nous tenons le choc. Nous avons cela en commun avec Freya et c'est sans doute ce qui nous rapproche même si, clairement, elle a décidé de ne pas être dans mon camp ce soir, tant elle s'applique à m'embêter.

- Désolé, nan, j'ai du mal à croire qu'un petit truc comme toi peut me faire du mal. J'attends de voir, d'accord, je l'aurai bien cherché.

Je ris encore avant de reporter mon attention sur Mila et Ava qui réclament leur dessin animé que je leur ai promis plus tôt dans la soirée. Elles ont été sages et ont bien mangé, alors la case dessin animé avant de dormir s'impose. Encore une fois, je viens chercher le secours de Freya mais je lui adresse un regard réprobateur lorsqu'au contraire, elle prend la défense des filles. Ok, je l'ai cherché. Je l'avoue, elle est douée, elle se venge bien. Je secoue la tête en souriant, tout en levant les yeux au ciel pour exagérer mon faux ton outré et je lance enfin Les 101 dalmatiens. Je caresse la tête de Spooky qui s'installe en baillant sur le tapis puis je vais changer Mila dans la chambre d'Ava.

Quand nous revenons dans le salon, je souris en voyant Ava câliner sa maman. Je fais un bisou à Mila qui est perchée dans mes bras et souris quand Freya trouve que ma fille est jolie dans le pyjama de sa fille. Je caresse la joue de Mila et la laisse rejoindre Ava en disant:

- On dit quoi à Freya ? Tu as entendu? Elle te trouve jolie dans le pyjama d'Ava...

Je m'installe dans le fauteuil libre et sourit quand Mila dit:

- Merci Freya! l'est beau pyjama de Vava!

Je laisse les filles regarder leur dessin animé et souris à Freya qui me propose un café.

- Oh, je veux bien, oui, merci. Enfin, si tu en prends un aussi!

J'ai envie de faire comme Freya, ne pas la contrarier et surtout, j'aimerais à cet instant, faire partie de son quotidien, que cet instant soit finalement une soirée habituelle...

Jasper revient avec sa fille et tu complimentes Mila qui est dans le beau pyjama d'Ava. Tu souris tendrement quand il caresse la joue de sa fille qui vient immédiatement rejoindre la tienne sous les couvertures que tu as installées sur le sofa. Mila te remercie pour ce compliment et tu pouffes de rire. « Contente qu’il te plaise princesse, c’est le principal. » Réponds-tu en la regardant affectueusement pendant que ton voisin s’installe dans un des fauteuils. Le dessin animé commence et les filles sont concentrées devant celui-ci. Alors tu proposes à Jasper un café. Ca permettra aux filles de regarder tranquillement leur petit film et de les laisser s’endormir sans le moindre souci. Il accepte avec plaisir, sous une condition. Il en prend un seulement si tu en prends un toi aussi. Tu embrasses le front de ta fille puis celui de Mila, en espérant que ce geste n’embête pas son père avant de prendre la main de celui-ci. Vous sortez silencieusement du salon et une fois dans la cuisine, tu lâches sa main pour faire couler un café. « Tu préfères prendre un déca ou un normal ? » Tu demandes, curieuse de connaître les préférences de Jasper. Tu ne veux pas le connaître comme un voisin connaît son voisin. Non. Ce n’est pas ce qui te donne envie quand tu passes un peu de temps avec lui. Loin de là. Tu préfères quand vous riez comme tout à l’heure. Une fois qu’il t’a répondu, tu fais couler les café et sers le sien en premier dans une simple tasse, loin d’être aussi extravagante que celle du début de sa visite. Puis, tu te sers et t’assoies à table. Tu lui souris. « Merci d’avoir accepté de rester à dîner. On devrait faire ça plus souvent. » Tu te retiens d’ajouter que la prochaine fois que tu aimerais que les filles ne soient pas là, pour pouvoir discuter plus librement. Si quelque chose doit se passer avec Jasper, tu n’as pas envie de te précipiter. Tu préfères prendre les bonnes décisions et avancer doucement. Cinq années sont passées depuis ton dernier cœur briser et tu n’as pas envie que ça recommence. Le temps n’a pas totalement pansé tes blessures alors te jeter dans le gouffre serait totalement irréfléchie. Tu secoues imperceptiblement la tête. Te voilà déjà entrain d’essayer de contrôler ce qui pourrait advenir. Vraiment, tu es irrécupérable. Tes parents t’ont bien souvent répété que tu ne contrôlais pas le domaine des sentiments alors tenter de le faire, c’était du suicide. Surtout que des évènements inattendus pouvaient très bien arriver. Rien n’est jamais joué à l’avance et ça, visiblement, tu as du mal à l’imprimer. Trop d’obstination tue l’obstination. Tu bois une gorgée de ton café avant de te rappeler de la petite scène qui s’est jouée à table. Les filles qui complotaient, Jasper qui visiblement savait ce qu’elles étaient entrain de se dire. « D’ailleurs, Jasper, ça me fait penser. Tu sais sur quel sujet les filles complotaient pendant qu’on était à table ? » Tu hausses un sourcil tandis que tu l’interroges. Tu essaies de lui faire comprendre que t’es loin d’être dupe. Tu espères qu’il comprenne qu’il est inutile de te mentir. Tu sais reconnaître le mensonge à des kilomètres. Même si c’est un secret entre les filles et lui, t’aimerais bien être au courant. Puisque ta fille est concernée. Alors, tu lui prends la main – ta petite main semble être ridicule comparée à la sienne et tu bats des cils. « Tu sais, tu peux tout me dire hein. » Bien que tu sois plus petite de vingt-sept centimètres, tu restes redoutable et si tu veux savoir quelque chose, tu le sauras.  

Alors que Ava et Mila sont dans le salon, je me sens tout à coup beaucoup plus nerveux. Mais pourquoi une fois la casquette de papa mise au second plan, je suis tout de suite moins blagueur et sûr de moi. je n'ai pas ressenti cela depuis très longtemps et je soupçonne ma jolie voisine d'y être pour quelque chose. Nous nous installons dans sa cuisine et je souris quand elle pose les tasses en me demandant comment je préfère mon café.

- Oh, je suis déçu, ce n'est plus le mug Star Wars...

Je la taquine et elle le sait bien sûr, je crois que c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour ne rien montrer de mon léger comportement digne d'un jeune garçon qui ne connait rien aux filles.

- Hmm, je vais le prendre comme toi mon café, ne t'inquiète pas.

Pas sûr que j'arrive à dormir entre mes pensées un peu perdues et le café mais ce n'est pas du tout ce qui occupe mon esprit à cet instant. Je la laisse nous servir du café alors que je reste silencieux mais je ne m'en rends pas compte, bien trop occupé à observer ses gestes adroits. Je lève la tête vers son visage et hoche la tête lorsqu'elle dit passer une bonne soirée. M'en voilà rassuré.

- Moi aussi Freya, je passe une très bonne soirée, et je crois que les filles sont de cet avis aussi... Et Spooky aussi, on l'entend plus aha

Je me penche en arrière pour regarder dans le salon et souris en voyant que mon dalmatien est toujours installé sur le tapis. Je ris en secouant la tête en voyant qu'il dort comme un loir, une patte sur les yeux.

- Et je crois qu'il a adopté ton tapis...

Je sirote mon café et repose la tête avant d'accorder une étrange importance à sa couleur, gardant les yeux rivés dessus lorsque Freya évoque les messes basses des filles pendant que nous étions à table. J'évite toujours son regard mais ne trouve plus d'issue lorsqu'elle insiste, et je suis même touché quand elle me dit que je peux tout lui dire. En plus, elle prend délicatement ma main et je lui souris en serrant tendrement ses doigts.

- Tu sais... Mila, elle cherche un peu une maman et... tu es un peu la seule femme que je fréquente... donc...

Je me racle la gorge, pas vraiment à l'aise. Puis je m'avance un peu mieux de la jolie brune et j'ose même caresser doucement sa joue.

- Tu sais Freya... Je crois que si on continue à se voir comme ça... partager uniquement le palier d'un étage d'un immeuble avec toi risque de ne plus me suffire...

Là, je panique intérieurement même si, d'apparence, j'essaie de rester digne.

- Un palier et les réunions de parents/maîtresse à l'école, j'avoue.

Quel con, pourquoi vouloir faire une blague à ce moment-là, pas vraiment drôle en plus. Mais je ris légèrement, au moins pour montrer que je crois un minimum en mon humour... j'espère être plus doué dans la séduction qu'en humour, cela dit.

Vous avez laissé les filles dans le salon et vous êtes désormais dans la cuisine. Tu déposes les tasses de café vides sur la table avant de rigoler doucement quand Jasper t’annonce qu’il est déçu de ne pas pouvoir boire dans le mug Star Wars. Il te taquine, tu le sais. Et avec un petit sourire mutin, tu réponds sur le ton de la plaisanterie : « Bah, la prochaine fois, tu feras la vaisselle. » Petit clin d’œil bien placé et te voilà entrain de servir deux cafés décaféinés – tu n’as d’ailleurs jamais compris le concept d’un café réduit en caféine. Un silence tombe et tu ne remarques pas Jasper qui semble t’observer. Ce silence est loin d’être pesant, au contraire, il en est presque reposant, agréable. Ce genre de silence qui sonne aussi bienveillant que le calme de la campagne. Finalement, tu reprends la parole en annonçant que tu as bien aimé la soirée que vous avez passé ensemble. Tu n’as pas ajouté que la prochaine fois, tu aimerais quelque chose de beaucoup plus intimiste, sans les enfants, pour apprendre à vous connaître davantage. Tu es ravie de l’entendre dire que lui aussi passe une très bonne soirée. Et tu es d’accord avec lui quand il remarque que les filles semblent de cet avis également. Un rire s’échappe quand il observe Spooky, son damaltien, qui semble avoir adopté le tapis de ton salon. « N’importe qui aurait adopté mon tapis, c’est normal. Tu pourras tester si tu veux, un jour. » Tu ris doucement et dans la foulée, tu te souviens de quelque chose. Les messes-basses des filles pendant le dîner. Alors, tu ne perds pas une seconde et tu l’interroges immédiatement. Jasper évite ton regard et visiblement, le sujet le met mal à l’aise. Alors, tu lui prends la main avec délicatesse et lui confie que son secret sera bien gardé avec toi. Tu l’écoutes silencieusement te parler de Mila, du fait qu’elle recherche une maman, une figure maternelle. Un doux sourire vient se loger sur ton visage et tu n’as pas le temps de répondre que la main de Jasper caresse ta joue avec une énorme tendresse. Sa déclaration ne te laisse pas de marbre, tu dois bien te l’avouer. Cependant, tu préfères ne pas t’emballer et ne rien laisser paraître. Tu as le pressentiment que quelque chose ne va pas tarder à se passer, quelque chose d’important qui pourrait bien changer totalement ta vie. C’est pour cela que tu lui souris affectueusement et ton sourire ne faiblit pas quand il tente de blaguer. Ta main droite rejoint la sienne qui est toujours posée sur ta joue et avec une voie légère, tu réponds : « T’es au courant que c’était pas drôle ? » Bon, si il se faisait de l'espoir sur sa tentative d'humour, c'est légèrement raté. Avant de reprendre un ton sérieux et de feindre doucement l’innocence en encrant tes yeux chocolat dans ses yeux clairs : « Tu veux partager quelque chose en particulier avec moi Jasper ? » Ta voixest profonde, sans aucune hésitation. Tu es confiante et en glissant une mèche derrière ton oreille, tu détournes le regard. Ses yeux ont tendance à te troubler plus que de raison et tu n’as réellement pas envie de perdre cette confiance en toi qui te caractérise. Finalement, tu te lances et tu glisses plus ou moins subtilement : « Un rendez-vous peut-être ? » Tu ne sais pas ce qu’il t’a pris quand tu lui dis cela. Il y a quelques secondes tu ne voulais pas t’emballer à cause d’un putain de pressentiment et te voilà, que tu lui proposes un rendez-vous. Bon, bah, une chose est sûre. Le cœur ce n’est pas ton domaine. Tu préfères laisser ça aux romantiques du dimanche.

Je rigole quand Freya me suggère de faire la vaisselle la prochaine fois, histoire de reprendre le super mug Star Wars.

- Bien joué, tu marques un point, mais je fais la vaisselle si tu veux, tu as du passer une longue journée... comment s'est-elle passée d'ailleurs?

Je me rends compte que je ne sais pas vraiment la façon dont Freya occupe ses journées et cela m'embête. Je suis curieux de connaître ses habitudes, ses obligations et son quotidien en général. Partager une adresse ne me suffit plus du temps, encore moins après cette charmante soirée que nous sommes en train de passer. Et bien que j'en vois le bout, je n'ai pas du tout envie qu'elle s'arrête. Je jette un oeil vers le salon et ne voit que Spooky sur le tapis et j'en informe Freya qui me dit de le tester à mon tour.

- Le tapis? Tu veux que je m'assois sur le tapis alors que tu as des fauteuils super confortables? bha merci l'accueil.

Je lui fais un clin d’œil, un sourire jusqu'aux oreilles et je continue à boire tranquillement mon café, gorgée par gorgée, lentement. Au moins, tant que mon café n'est pas fini, je ne peux pas être sur le départ. Et sans doute porté par un élan de courage, je finis même par me confier à Freya, tout en subtilité. Je ne sais pas vraiment sur quel terrain je m'engage alors je préfère ne pas m'y aventurer sans mégarde. Je souris timidement quand je sens, dans la question de Freya qu'elle essaie de me faire dire ce que, visiblement, nous pensons tous les deux tout bas. J'ouvre la bouche pour répondre et la referme quand elle prend la parole en premier. Je la vois remettre une mèche derrière son oreille et je me mords discrètement la lèvre en caressant une dernière fois sa joue de mon pouce avant de laisser retomber ma main alors qu'enfin,je tente de me lancer dans une réponse à sa question.

- Oui. Oui, un rendez-vous me tente bien... Un vrai petit restaurant... un cinéma, ou le parc d'attraction, pourquoi pas. Tu choisiras. Et... attention... je tiens à venir personnellement te chercher sur le pas de ta porte.

Je ris en m'imaginant traverser le couloir, prêt à aller chercher mon rendez-vous chez elle. Je n'ai jamais vécu une telle situation et, à vrai dire, c'est plutôt amusant.

- Ma nounou est super, si ça t'arrange, elle pourrait garder Ava, je ne pense pas que ça l'embête sachant qu'elle sera payée double...

Parler des enfants permet de ne pas s'éterniser sur la question du rendez-vous qui commençait à me rendre nerveux. Et puis, en douce, on a quand même réussi à se proposer la chose...

- Du coup... ce weekend? samedi soir, ça t'irait? 20h, je sonne chez toi?

Je souris en attendant sa réponse, oubliant même mon café qui est en train de refroidir entre mes mains.