La soirée continue de se dérouler sans accroche. Vous blaguez mutuellement sur la vaisselle. Jasper t'informe qu'il peut faire la vaisselle si tu veux et en profite pour te  demander comment s'est passée ta journée. Tu souris. Il est hors de question qu'il fasse la vaisselle. Tu l'invites, tu ne vas pas lui donner toutes les corvées à faire non plus. Question d'éducation. « Ne t'en fais pas pour la vaisselle, je m'en occuperais. Sinon, ma journée… La routine, rien de bien extraordinaire. » C'est sûr qu'il y a plus exaltant comme métier mais au moins, tu en as un. C'est le principal. La discussion finit par dériver sur le tapis de ton salon et tu proposes à Jasper de le tester quand il en aura l'occasion. Tu ris en l'écoutant te répondre. Tu sais que tes fauteuils sont hyper confortables et tu ne peux pas retenir ton petit sourire en coin. « Et encore, tu n'as pas testé mon lit. Niveau confort, c'est du haut niveau. » Encore une fois, ta phrase semble à double sens mais tu ne rajoutes rien. En plus, c'est la strict vérité. Ton matelas est une vraie merveille, en plus d'avoir été une excellente affaire le jour où tu l'as acheté.  Petit échange de clin d’œil avant de constater que ton café est bel et bien terminé. Tu en avais bien besoin de ce café pour te booster un peu avant d'aller te coucher. Parce que tu sais pertinemment que tu te coucheras après minuit, le temps de préparer les affaires pour demain, tout ranger, et cetera. Finalement, tout prend un autre tournant quand Jasper te confie subtilement qu'il aimerait que vous partagiez plus. Tu as donc proposé un rendez-vous avec le moins de subtilité possible, t'en as bien consciente. Cependant, tu n'es pas réellement rassurée par la question. Et si il te disait que justement, il ne veut pas d'un rendez-vous avec toi ? Ce qui serait totalement absurde vu sa révélation d'il y a quelques minutes. Mais, sait-on jamais. Tu n'es pas à l'abri d'un refus instantané. Heureusement pour toi, Jasper acquiesce et le poids qui s'était subitement mis sur tes épaules, s'envole en un instant. C'est fou l'effet qu'une réponse positive peut avoir. Ca fait un petit moment que tu n'as pas ressenti l'appréhension d'un refus. C'est particulier. Mais maintenant qu'il t'a dit oui, l'infime nervosité que tu as ressenti à l'instant, semble s'être envolée. Tant mieux. Tu imagines déjà la scène quand il viendra te chercher devant ta porte et ça te fait rire. La situation est assez étrange et c'est rare d'avoir un rendez-vous avec son voisin. Exemple pur, quand tu habitais dans ton ancien appartement, ton voisin était un pervers qui adorait venir toquer à la porte quand tu sortais de la douche en prétextant des coïncidences. Autant dire que t'as eu de la chance de tomber sur un voisin aussi beau et surtout loin d'être pervers. Parce que là ça aurait été le summum. « Un resto, ça serait cool. Le cinéma je trouve que ça fait un peu premier rendez-vous d'ado. » Ce que vous êtes loin d'être. Jasper semble nerveux par l'idée de se retrouver en tête à tête avec toi la prochaine fois et ça, tu le captes direct. Il ramène la conversation aux enfants et un petit sourire moqueur vient se dresser sur ton visage, loin d'être méchant. C'est mignon, carrément adorable même. Tu as d'ailleurs l'impression d'avoir énormément utilisé ce terme à l'égard de ton voisin durant toute la soirée, mis à part les adjectifs qualificatifs que tu lui attribues habituellement. Tu poses ta main avec douceur et du plus profond de ton coeur, tu souhaites qu'il ne voit que cette facette de ta personnalité. T'as pas vraiment envie de lui faire peur le jour où tu t'énerveras. Parce qu'avec toi, c'est tout ou rien. Y'a pas de juste milieu. Quitte ou double. « Et si t'oubliais un instant les enfants ? Tu auras le temps de penser à la nounou plus tard. T'as peut-être autre chose à penser… Sauf si je te rends nerveux...  » Tu fais courir tes doigts sur le dos de sa main. Bon, là, t'avoues que t'as poussé le flirt un peu plus loin. Mais, ce petit jeu te plaît carrément. Finalement, tu arrêtes et avec un sourire loin d'être innocent, tu t’assoies correctement dans ta chaise et tu écoutes quand il passera te prendre. « Samedi, 20 heures. Ca me paraît parfait. Hâte de te voir devant ma porte.  » Confirmes-tu. Cependant, la conversation ne peut pas aller plus loin qu'une petite voix ensommeillée résonne dans la cuisine. C'est Ava, les yeux plissées par le sommeil, le visage rougi, tenant fermement son ours en peluche contre elle. Visiblement, quelque chose semble clocher et ne voulant alerter personne, et surtout pas Jasper, tu t'empresses de la rejoindre. « Je reviens, je vais coucher Ava dans son lit. » Et tu quittes la cuisine, Ava dans tes bras, non savoir oublié un sourire rassurant à Jasper.