La journée d’Abigail allait être bien remplie. Elle le savait déjà, car elle avait des rendez-vous toute la journée et en soirée, elle devait se rendre au lycée pour une réunion. En effet, les parents devaient aller voir les professeurs de leurs enfants et elle savait que Clarence travaillait, donc elle ça serait à elle d’y aller. Ca ne la dérangeait pas, elle connaissait déjà une partie des enseignants de sa plus jeune fille, donc ça irait vite. Enchaînant les rendez-vous professionnels, son agenda fut vite rempli. Anniversaires et baptêmes en particulier avant de passer aux mariages. C’était la période, avec le beau temps qui arrivait, mais également avec ceux déjà réservé depuis le début de l’année et même en fin d’année 2014. Abigail aimait son métier et elle était douée, c’était donc pour cela qu’elle n’avait pas de souci à se faire concernant son travail.

Cependant, elle était un peu plus perturbé par celui de son mari. Ce dernier était à nouveau dans son processus d’écriture. Elle l’avait vu faire pour le premier livre et elle avait bien compris que le temps qu’il passait à l’extérieur de la maison était là pour l’aider à trouver l’inspiration. Elle ne lui en avait pas parlé, en même temps, elle ne voulait pas le perturber, mais elle aurait aimé passer un peu de temps avec lui. A seize heures, Abigail alla saluer ses deux employés pour finalement se rendre chez elle. Après une longue douche et s’être changée, elle reprit son sac à main et ses clés pour se rendre au lycée. Sur place, elle se gara et alla au secrétariat pour savoir où elle devait se rendre ensuite.

Monsieur Fernandez ?

Elle avait déjà vu trois autres professeurs avant lui et pour le moment tout semblait bien se passer pour sa fille. Tendant la main au professeur, elle prit finalement place sur la chaise face à lui et elle sourit.

Je suis la maman de Sue Johnson.

S'il y avait bien une chose que Javier détestait dans son métier de professeur, c'était les réunions parents-profs. Non mais quelle galère de devoir se coltiner les parents après toute une journée de cours pour leurs ados. Cependant, le professeur se rendait compte que le proverbe « les chats ne font pas des chiens » n'en est que plus vrai. Il est à son septième parent et c'est fou comme les enfants leur ressemble. Monsieur Thompson est aussi insolent que son gamin l'est. Tu m'étonnes qu'il ne supporte pas l'autorité avec un père qui défend l'anarchie. Pour la première fois de sa vie, Javier n'a qu'une hâte quitter le lycée et retourner auprès de sa femme. Peut être même qu'il lui fera l'amour pour être tranquille pendant une semaine. Ouais c'est ce qu'il fera une fois que la réunion sera finie. Il salue une dernière fois Monsieur Thompson et le regarde partir. Maintenant, il n'a plus qu'à attendre qu'un autre parent chiant se présente. Une voix féminine le fait sortir de son attente et il lève les yeux. La créature qu'il a sous les yeux le fait sourire et il se lève de sa chaise et lui serre la main qu'elle lui tend. « C'est bien moi et vous êtes ? » Il lui fait signe de s'asseoir en face de lui et une fois qu'elle a pris place, il s’assoit à son tour. Elle se présente alors comme étant la mère de Sue Johnson. Il essaie de se rappeler qui elle est. Après quelques secondes de recherche dans ses élèves, il remet le visage de la jeune fille sur son prénom. « Vous ne m'auriez pas dit que vous étiez sa mère, je vous aurais pris pour sa grande sœur. » dit-il avec un sourire charmeur alors qu'il fixait sans gène la femme en face de lui. Elle était belle et tout à fait son genre de femme. Elle dégageait une assurance qui lui plaisait et il n'allait pas se gêner pour la draguer ouvertement. « Sue a de la chance d'avoir une si jolie maman. Et cette maman est-elle célibataire ? » Javier n'avait pas fait attention à la bague qui ornait son annulaire gauche. En gros, il s'en foutait bien. Il n'était pas le genre à s'arrêter à ce genre de détail. Ce qui lui avait valu quelques fois des bagarres avec des maris jaloux que leurs femmes leur aient fait cocu.

Pour le moment, les trois professeurs avec qui elle avait parlé semblaient content du comportement de sa fille. Pour les notes, elle avait parfois un peu de mal dans certaines matières, mais elle semblait participer et faire en sorte de s’en sortir. Elle savait que Sue était une battante et elle était content de voir que ses professeurs étaient contents d’elle. Se retrouvant finalement face à un nouveau professeur, elle se présenta, cependant, elle fut surprise par les paroles de l’homme lui faisant face. Sa grande sœur ? Elle ne s’était pas attendue à une telle remarque et elle devait avouer qu’elle ne savait pas quoi dire. Restant perplexe, elle prit place face à lui, sans vraiment quoi savoir ajouter avant de l’écouter reprendre la parole. A la première partie de sa phrase, elle ne pu s’empêcher d’esquisser un sourire. D’accord, il venait de marquer un point, mais à sa question, elle leva sa main.

Non, mariée.

En temps normal elle aurait rembarré un homme qui lui aurait dit de telles paroles, seulement, elle n’en fit rien. D’une part parce qu’il fallait avouer qu’il était séduisant et d’autre part, parce qu’il était le professeur de sa fille. Elle se devait donc de rester polie et courtoise en toutes circonstances.

Comment se débrouille ma fille pendant vos cours ?

Elle préférait changer de sujet et parler uniquement de Sue. C’était moins dangereux et elle était surtout là pour ça. Donc, elle resta le fixer, attendant simplement sa réponse.