Il pleuvait. Enormément. Une averse de printemps, que personne n’attendait de sitôt – la météo avait prévu des averses, certes. Mais personne n’y avait cru : jusque tard dans l’après-midi, il avait fait beau, et chaud. Très chaud. Lourd. Souriants, les habitants avaient continués à évoluer dans les rues en shorts et marcels. Pas un seul parapluie à l’horizon.

Puis, vers 5 heures, le ciel s’était couvert, et une ombre menaçante s’était étendue sur toute la ville. De gros nuages tonnèrent, pleins d’éclairs, et s’abattit sur Crystal Cove des trombes d’eau.

Evidemment, il fallait que Ryder soit dehors  à ce moment. Comme tant d’autres, le biker s’était moqué des prévisions météorologiques et s’était vêtu légèrement. Short en jean élimé, t-shirt noir déchiré. Grosses chaussures et veste en cuir. Mais rien pour protéger son crâne – pas même un casque – quand s’abattit sur lui le déluge. Il pesta, arrêta le moteur de sa moto. L’eau, venant frapper son visage, lempêchait de voir quoi que ce soit. Déjà qu’il avait un peu d’alcool dans le sang, continuer ainsi était courir à la catastrophe. Peut-être la mort.

Oh, cela pouvait être un sort agréable… plus de dettes, plus de misère. Mais plus de Gaëlle, et d’Alix, aussi. Décidemment, Ryder n’était pas encore suffisamment dans la mouise pour se laisser aller penser au suicide trop sérieusement ! Un battant, ou un inconscient. Au choix.

Il entra dans la première boutique qu’il trouva, après s’être garé – des odeurs de fromage, sauce tomate et pain envahirent son nez. Une pizzeria. Plutôt une bonne chose… Son appétit, qui s’était endormi avec quelques whiskeys, se réveilla subitement. Quand le pizzaiolo tourna la tête vers lui, Ryder commanda une 4 saisons et chercha, des yeux, une table où s’asseoir.

L’endroit était petit, empli de personnes tout comme lui affamées et trempées. Toutes les tables étaient occupées, par des inconnus finissant pizzas et boissons. Il restait, toutefois, une chaise libre dans un coin. Il y avait déjà quelqu’un, à la table – quelqu’un d’absent pour le moment ; il y avait un vêtement sur la chaise et une assiette devant.

Qu’importe : dès que le pizzaiolo lui tendit sa commande, Ryder fonça vers cette table, repoussa l’assiette déjà là et s’installa. Tant pis pour la personne là avant : en s’absentant, elle avait pris le risque de perdre sa place ! Oh, oui… dans son monde à lui, c’était véritablement la loi de la jungle.