Parfois, j'avais envie de tout balancer, de tout arrêter. Mes études, mon boulot, il y a des jours ça me fait vraiment chier de devoir y aller. J'avais juste envie de m'allonger sur mon lit toute la journée et de ne rien faire. Aujourd'hui, c'était le cas. Je n'avais pas envie de bouger ne serait-ce qu'un orteil. Du coup, j'avais passé ma journée sous ma couette en séchant les cours parce que je fais ce que je veux. Au pire, j'allais juste me faire renvoyer. Rien de grave. Maman serait derrière pour payer grassement l'université afin qu'elle me reprenne. Elle l'avait déjà fait deux fois alors pourquoi pas trois. Cependant, si mon patron me renvoyer, personne ne pourrait rattraper le coup pour moi. Ce n'est donc qu'à partir de midi que je sortis mes jolis orteils de sous ma couette. J'avais pas envie de me faire tuer par Mark. Parfois, j'avais l'impression qu'il pouvait tuer quelqu'un rien qu'en le regardant. Flippant. Comment je me suis retrouvé dans cette galère ? Ah oui. Je voulais être tatoueur. Parfois, je me dis que j'aurais mieux fait de choisir autre chose. Genre sculpteur, un truc bidon comme ça. Je devrais peut-être me lancer dans la poterie. Plus le temps de réfléchir, j'étais rendu devant le salon de tatouage et j'étais en retard d'une heure. Une heure, c'est rien, on n'est pas à une heure près de toute façon. Puis de toute façon, je m'en fout. Je vais juste poser mon, joli, cul dans une chaise et attendre que le temps passe. Je suis doué pour ça. Un expert même. J'entre dans le salon de tatouage, tout en soupirant parce que je sais que la journée va être longue. « Salut la compagnie ! » dis-je avant de partir m'asseoir sur ma chaise. J'attrape une feuille de papier. Autant m'occuper un peu. Puis après tout le dessin était sans aucun doute mon seul talent. Sauf qu'au bout de dix minutes ça commence déjà à me soûler. Donc je décide de faire un autre usage de cette feuille. Je la plie pour faire en sorte d'en faire un avion en papier. Je m'entraine à la sculpture spécialisation origami. Je lâche un nouveau soupire, qu'est-ce que je m'ennuie. Je me lève pour me diriger vers Mark. Peut-être que si je lui demande de me laisser ma journée libre, il voudra bien. Peut-être même que je survivrais après lui avoir posé la question. « J'peux rentrer ? » Droit au but. Comme toujours. Après tout, on ne va pas tourner autour du pot. Surtout que je n'avais pas envie de me lancer dans une argumentation avec preuve à l'appui et envoie d'un recommandé pour lui demander ça.

❝ it’s the simple things in life but life ain’t so simple right and times get hard and people can make you mad. ❞ Travailler, c'est un gros mot. Tout le monde devrait le savoir et arrêté de dire ce mot sans arrêt. En plus, ça me donne mal à la tête quand on me le répète trop souvent. Je n'ai pas besoin de travailler. Au pire, je vivrais d'amour et d'eau fraiche avec la carte de crédit de ma mère et voilà. La vie est belle au final. Ou presque. Parce que Mark lui, on dirait que je viens de lui demander de voler une banque pour moi. Je voulais juste rentrer chez moi, c'est pas la peine d'en faire toute une scène. Je décide de hausser les épaules face à sa remarque. « Parfois, ça m'arrive, quand c'est intéressant et ce n'est pas le cas-là. » D'accords, je pourrais quand même me montrer plus aimable et apprécier le fait qu'il m'offre un boulot voir peut-être un avenir. Sauf que honnêtement, j'ai vraiment la flemme et puis qui a besoin d'un avenir quand maman est riche ? C'est complètement stupide et une, c'est une perte de temps. Je le regarde déplier mon sublime avion, que j'avais mis du temps à faire, avant qu'il ne repose la feuille devant moi. je fais une mine de déterrer. Je n'ai pas envie de continuer ce ... truc. En plus, il y a l'espèce de Marie couche toi là, comme quoi elle porte bien son nom, qui me dévisage. J'attends que Mark ait le dos tourné pour lui montrer mon plus beau doigt en affichant un sourire en coin. Parfois, je me demande pourquoi Mark ne m'a pas encore renvoyé. Je sais bien que je ne suis pas le top du top. En plus, je suis du genre tête à claques, du moins c'est ce que j'avais entendu dire. Parce que je me trouve plutôt pas mal comme gars. Je partis néanmoins me rasseoir quand Mark m'obligea. Voilà qu'il m'ordonne de lui faire un dessin. Je réfléchis un instant, je pourrais défier son autorité ou faire ce qu'il me dit. Le choix est difficile. Je décide quand même de faire ce qu'il me dit, enfin, plus ou moins. « C'est bon pas la peine d'être aussi aigri. » dis-je avant de lui tourner le dos pour reprendre une feuille de papier. J'attrape un crayon pour dessiner vite fait et vulgairement, une bite. Quelques secondes plus tard, je suis devant Mark en train de lui tendre mon chef d’œuvre. « Voilà, j'y ai mis tout mon cœur. » Il va me tuer. Adieu la vie, adieu l'amour. Je vais bientôt rejoindre les anges au paradis. John, Elvis et tous les autres. Cependant, pour bien m'enfoncer un peu plus, je rajoute. « Je peux y aller maintenant ? » On sait jamais, il a peut-être changé d'avis entre-temps. Enfin, j'en doute quand même fortement. Il va juste me zigouiller sur place et c'est l'autre Mary qui va être contente. Je pourrais peut-être essayer de courir à son âge, il ne pourra pas courir aussi vite que moi. « Alors ? » insistais-je un peu plus.

❝ it’s the simple things in life but life ain’t so simple right and times get hard and people can make you mad. ❞ Si ça pouvait le faire taire alors soit j'allais lui dessiner quelque chose. Pas sur qu'il apprécie mon dessin par contre, mais ce n'est qu'un détail. Après tout ça reste un dessin donc techniquement, j'ai fait ce qu'il me demandait. Rien que pour ça, je mérite une gomette voir deux. Mark ne semblait cependant pas énervé au contraire, il rentra même dans mon petit jeu en ajoutant des détails à mon dessin. Finalement, j'aurais préféré qu'il s'énerve. En plus, il se fout ouvertement de ma gueule. Quel con. Je suis le seul à avoir le droit de faire ça. C'est même ma marque de fabrique. « Pas toi, ça c'est sur ... » dis-je rien méchamment et gratuitement. Au moins, c'est gratuit. C'est vrai qu'il essaye toujours de m'apprendre à mieux dessiner, mais j'ai pas envie d'être gentil avec lui. D'ailleurs, je n'ai pas envie d'être gentil avec qui que ce soit. Je suis un méchant. Ouais, un hors-la-loi. Dès que j'en ai fini ici, j'irais brûler des voitures et lancer des briques sur le commissariat. Ensuite, j'irais peut-être donner une claque à Mark pour la peine. Quoique non, ça fait peur ça. Tiens en parlant de lui, il a disparu pendant que je rêvassais. Voilà que la cruche vient vers moi. J'ai comme qui dirait un mauvais pressentiment. Elle commence même à me donner des ordres. Elle se croit où elle ? « Il est hors de question que je fasse un seul de ces ... trucs. » Commençais-je à lui dire en croisant les bras. « Je suis bien trop beau. » Ouais d'abords. Je risquerais de me salir et d'être moins beau si je fais une seule de ces corvées. « Puis c'est ton boulot alors va joueur à cendrillon plus loin. » Je lui tourne le dos en n'écoutant aucunes de ses répliques. Non, maintenant, je vais m'occuper de Mark. Parce que je ne vais quand même pas laisser passer ça. J'attrape un bout de papier en marquant en gras et en gros "je démissionne". On m'a toujours dit qu'il fallait écrire une lettre avant de démissionner. Chose faite. Je me dirige vers la porte où il est allé se réfugier. Fermer à clef, évidemment. Je décide de faire le tour du bâtiment pour pouvoir atteindre la fenêtre de sa salle. C'est un peu haut du coup, je dois monter sur la poubelle pour être à la bonne hauteur. Une fois que je suis en face de lui, je frappe à la fenêtre en y collant mon bout de papier que je pointe du doigt. « Hasta la vista ! » Dis-je avant de lui faire un doigt d'honneur. J'essaye de redescendre, mais je trébuche et finis par terre. Aplati comme, une crêpe. Pour couronner le tout, je me suis cogné la tête. « Je vais surement avoir un trauma crânien. » dis-je en me plaignant une fois de plus. On commence à avoir l'habitude avec moi. Quand je me tords la cheville je vais me faire amputer alors je vous raconte pas quand je me coupe, c'est l’hémorragie assurée.